L'ALGÉRIE BRAS DE MER 49
se démolir pour se reconstruire, s’abîmer presque tout entier sous
l'eau, pour émerger de nouveau:
Bras de mer miocène inférieur. —Plusieurs géologues, MM. Savor-
nin ‘, Joleaud?, Dalloni *, ont tracé des bras de mer miocènes des
cartes successives aux étages inférieur et moyen. Ils sont tous
d'accord à des nuances près qui ne sont pas de notre ressort ici.
La carte qu’on reproduit ci-joint est celle du miocène inférieur,
l'étage qu’on appelle généralement cartennien, celui qui succède
immédiatement à l’oligocène.
Au cartennien, l’Algérie devient de nouveau un bras de mer,
large et profond, où le géosynclinal rejoue avec intensité; et ces
conditions durent à l'étage suivant l’helvétien. Des plissements
d’une grande importance rajeunissent et réédifient partiellement
l'Atlas, des plissements d'âge alpin cette fois. De part et d’autre
de l’oligocène, grosso modo, en simplifiant, en schématisant, ce
sont eux qui ont construit l'Atlas algérien. L’éocène en a fait le
dessin général, que le miocène a plus ou moins complètement
remanié.
Parmi les parties de l’Atlas Algérien actuel, on peut à la suite
des géologues distinguer celles qui sont d'âge Pyrénéen et celles
qui sont d’Âge Alpin. On le peut du moins dans certains cas, dans
une certaine mesure, avec beaucoup de prudence, en suivant
les géologues pas à pas. Nous trouvons par la suite que cette dis-
tinction est d’une grande importance pour l'intelligence du pays,
dans certains de ses coins.
Le bras de mer cartennien rappelle un peu par sa forme générale
le suessonien (fig. 10). Il est d’éténdue à peu près équivalente,
bien plus réduit par conséquent que le bras de mer crétacé, mais
il recouvre tout de même une bonne moitié de l’Algérie.
Quand on y regarde de plus près, des différences importantes
apparaissent avec le bras de mer Suessonien:
Cette fois c’est le Tell Oranais qui s’est abîmé sous les flots,
à peu près tout entier, sauf quelques flots, et à de grandes profon-
deurs; les dépôts cartenniens et helvétiens dans l’Algérie occiden-
tale sont surtout des marnes et des argiles, de facies très uniformes,
en masses énormes, des dépôts abyssaux.
1. N° 46, p. 92, fig. 24 et n° 115, p. 421, 15, 03
2. No 70, p. 280, fig. V.
3. N° 30, p. 434, fig. 1.
E.-F. Gaurier — Structure de l'Algérie. 4