50 STRUCTURE DE L'ALGÉRIE
Dans l’est, au delà de la grande dorsale de Médéa, l’allure du
bras de mer cartennien est bien différente, assez exactement inverse.
Le Tell oriental est resté émergé, à peu près tout entier, à sa bordure
méridionale près. C’est au sud du Tell que le bras de mer cartennien
s’est étalé très largement.
Il s’est répandu sur les Hauts plateaux Constantinois jusqu’en
Tunisie dans une mesure encore mal précisée; mais surtout dans
la cuvette du Hodna, sur le seuil de Biskra. Là hors du géosynclinal
Tellien, sur le socle inondé des hauts plateaux, il a laissé des dépôts
néritiques; des calcaires à lithotamnium, par exemple, dont la
présence accuse des profondeurs maritimes d’une vingtaine de
mètres au maximum.
Golfes sahélien et pliocène. — Restent enfin les mers du mio-
cène supérieur (sahélien) et du pliocène (fig. 11). Le détroit, exondé
à moitié, est devenu golfe. Les golfes sahélien et pliocène se con-
tinuent et se recouvrent l’un l’autre à peu de chose près, dans le
même coin nord occidental de l’Algérie !. Ils y occupent toute
la zone des plaines sublittorales et des Sahels, d’où le nom de Sahé-
lien.
Celui-ci touche ou a touché aux préoccupations de l’opinion
publique par certains côtés. Dans le Dahra, la « farine siliceuse »
ou « kieselguhr » est un amas de diatomées, dans des dépôts sahé-
liens d’eau douce ou saumâtre. Et les fameuses grottes où Pélissier
enfuma les Frechih sont sculptées dans une lentille de plâtre d’une
formation sahélienne. L’étage pourtant est surtout représenté
par des argiles, très puissantes, célèbres par leur instabilité, et
qui témoignent d’une mer profonde.
C’est la mollasse pliocène qui constitue les environs d’Alger,
avec leurs ravissants chemins creux, entre des murs vivants
et sous des voûtes d’oliviers sauvages. Des grès pliocènes couverts
de lentisques portent le tombeau de la Chrétienne et les ruines
charmantes de Tipaza. La grande banlieue d’Alger, familière aux
touristes est surtout pliocène. Ces formations ont beau être litto-
rales : elles n’en intéressent pas moins une portion considérable
du Tell occidental et nous verrons qu’elles ont été, au fond des
mers sahéliennes et pliocènes, affectées de mouvements orogé-
niques très importants, jusqu’à une époque si rapprochée de nous
qu’il faut déjà presque l’appeler quaternaire.
1. N° 70, p. 285, fig. VII et p. 288, fig. VIII; No 30, p. 447, fig. 2.