ATLAS SAHARIEN 91
Cette analogie dans les énergies comparables des deux plisse-
ments a pour conséquence la parenté des deux modelés.
Ces termes populaires expressifs que les montagnards du Jura
donnent à des détails du relief, les cluses, les ruz, les crêts, les combes
et qui ont passé dans l’usage courant de la géographie physique,
des géographes comme de Martonne!, des topographes comme
le général Berthaut ?, des géologues comme Roux * se trouvent
tout naturellement entraînés à les employer dans une description
de l'Atlas saharien. Le dôme à centre évidé (cratère d’érosion
de Roux, voir fig. 13), si fréquent dans l'Atlas saharien est aussi
une forme jurassienne *.
Modelé désertique. — Pourtant ce modelé jurassien est l’œuvre
d’une érosion jeune, qui n’a pas eu le temps d'effacer entièrement
et de rendre méconnaissable la surface structurale primitive.
Assurément il y a une nuance importante à noter à ce point de
vue entre le Jura et l'Atlas saharien.
« Les plis de l'Atlas saharien, dit le général Berthaut, étant
plus dégradés que ceux du Jura, présentent une plus grande densité
de détails topographiques : crêts, ravins, combes, festons, écailles, etc.,
s'y montrent plus nombreux et plus serrés 5. »
M. Roux souligne la présence, dans certains coins de l'Atlas
saharien, de véritables « synclinaux perchés », tout à fait typiques.
Ce sont, par exemple, le Kalaat-es-Senam sur la frontière tuni-
sienne, le djebel Milok au nord de Laghouat. « Cette inversion
du relief, comme le fait observer de Martonne, est un signe certain
d’une évolution poussée jusqu'à la maturité »; et c’est dans les
Alpes, non plus dans le Jura, que de Martonne en cherche des
exemples $.
L'Atlas saharien, frère du Jura, s’en distinguerait donc par une
usure du relief beaucoup plus accentuée. On n’est pas certain,
à vrai dire, que cette explication soit entièrement satisfaisante.
Il est évident en tout cas qu’elle est incomplète, et ce qu’elle passe
sous silence pourrait bien être l'essentiel. L'Atlas saharien se dis-
tingue du Jura, des Alpes, et de toutes les chaînes de chez nous, qui
sont familières à nos géographes, en ce qu'il a un modelé désertique.
1. No 82, p. 498.
2. No 24, t. I, p. 180
3. N° 103, p. 258.
4. No 82, fig. 229.
5. No 24, t. I, p. 197.
6. No 82, fig. 231.