Prof. Charles Kopp à Neuchâtel.
De 1807 a 1815, il y eut un grand ralentissement dans les affaires.
à cause des grandes guerres de l'empire. Beaucoup d'horlogers durent
changer d'occupation ou émigrer. Les cadraturiers surtout qui étaient
alors fort nombreux et qui habitaient plus spécialement les villages en-
vironnant Fleurier, durent quitter leur industrie ou s’en aller.
En 1820 les affaires étaient très calmes. L'introduction de la
montre chinoise donna un nouvel essor à la fabrication qui semblait
devoir ne plus se relever. En 18292 et 1893 ce nouveau genre de montre
à forme et calibre spécial fut introduit par la maison Bovet qui la pre-
mière, a ouvert des débouchés aux produits de Fleurier dans ces vastes
contrées de l’Asie si éloignées de nous.
Cette fabrication a fait pendant longtemps la prospérité de Fleu-
rier, presque tous les ouvriers y étaient occupés d'une manière lucrative.
Mais cette fabrication a eu son temps, la concurrence est venue, les
chinois eux-mêmes ont changé de mode et ce genre de montres n'est
plus fabriqué que par deux ou trois maisons, qui en produisent encore
beaucoup, mais qui sont loin d'absorber la majeure partie de ‘nos
ouvriers.
Fleurier compte actuellement (1873) une trentaine de maison d’hor-
logerie, fabriquant des montres pour les pays les plus divers. Les uns
expédient en Chine, en Egypte, en Turquie, en Amérique. Les autres
en Angleterre, en Espagne, en France et en Allemagne.
Presque toutes les parties de la montre se font à Fleurier, sauf
l’ebauche qui se fait à Travers.
On y fabrique des montres très-soignées, il s'y fabrique aussi des
montres qui ne le sont pas du tout. Ce dernier genre tend à disparaitre.
Fleurier est le centre de l'horlogerie au Val-de-Travers.
La fabrication des outils d’horlogerie, qui est une spécialité du
Vallon n'y a jamais pris de developpement. Il y a une vingtaine d’an-
nées, on y a fondé deux ateliers, dont l'un prospère, l’autre a disparu
après une courte existence, il s'en est formé un nouveau il y a 5 ou 6
ans.
Le petit village de Boveresse, situé au pied de la montagne entre
Fleurier et Motiers et qui peut-être regardé comme une annexe de Fleu-
rier ou comme un faubourg de Motiers, est au contraire, le sièce de
plusieurs fabriques d'outils. : Avant 1770, le village était essentiellement
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agricole. En 1770, Mrs. Bezencenet y établirent une fabrique de pen-
dules, qui subsista jusqu’en 1800. Elle était très-bien organisée, on
avait même construit sur l’un des murs de la fabrique un cadran solaire,
très soigné, qui a servi d’observatoire aux fabriques de Boveresse, jus-
qu'en 1870, où malheureusement il fut démoli, par le propriétaire de la
maison, qui ne se doutait pas de l’interêt historique de cet instrument.
Une pendule, portant la date «1770» était peinte, comme enseigne, à
côté du cadran.