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le courant passe, et qui cesse de l'être aussitôt que le cou-
rant cesse. Pendant qu'il est aimant, il attire son armature,
et dès que le courant cesse il y a un ressort qui la rappelle;
ainsi l’armature oscille ou vibre en quelque sorte entre l’ac-
tion du ressort et celle de l’électro-aimant. Ces vibrations
peuvent se faire avec une rapidité presque incroyable, car
il est très facile de construire des appareils qui en exécu-
tent plusieurs centaines dans une seconde, et assurément
l'on parviendrait sans peine à décupler ce nombre. Mais,
comme on le voit, il y a là une condition essentielle à rem-
plir, c'est un rapport nécessaire entre la vivacité dutessort
qui rappelle l’armature et la puissance attractive de l’aimant
qui l'entraine en sens contraire, puissance qui dépend
elle-même de plusieurs données, et surtout de l'intensité
du courant.
Ce mouvement de va-et-vient une fois obtenu avec la
régularité et la vitesse que l’on veut lui donner, il est facile
de la transformer en mouvement de rotation et d'avoir ainsi
une aiguille parcourant un cadran sur lequel on inscrit ou
les lettres de l'alphabet ou d’autres signes conventionnels.
Alors il suffit d'arrêter pendant un instant très court, par
exemple un tiers ou un quart de seconde, l'aiguille vis-à-
vis de la lettre ou du signe que l’on veut faire, Par ces
moments d'arrêt, on peut dire en quelque sorte que le cou-
rant montre du doigt à celui qui recoit la dépéche la série
des signes dent elle se compose; il n’a plus qu’à les écrire
quand le mot est fini, ce qui s'annonce par un signal par-
ticulier, ou, s’il veut aller plus vite, les dicter à quelqu'un
qui ait la main assez prompte pour écrire aussi vite que
parle le télégraphe.
Dans le système dontils’agit ici, chaque oscillation simple
pourrait correspondre à une lettre du cadran; mais il vaut
inieux, en général, disposer les choses pour que l’oscillation
double ne fasse passer qu’une lettre; ainsi, s’il y a trente
signes sur le cadran, il faudra trente oscillations doubles de
l'armature pour que l'aiguille fasse un tour entier. Alors
l'aiguille n’est arrêtée un instant qu’à la fin de l’oscillation
double, c’est-à-dire pendant que l’armature est sous l’ac-
tion du ressort et non pas sous l’action attractive de l’élec-
tro-aimant.
Il reste à faire comprendre comment l'opérateur de Ber-
lin qui envoie la dépêche parvient à interrompre le courant