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le circuit. C’est ainsi que l’opérateur qui envoie la dépêche,
posant le doigt sur une touche pendant une certaine frac-
tion de seconde, détermine un instant d'arrêt pareil dans
l'aiguille de la seconde station; mais, il faut bien le remar-
quer, les deux aiguilles ne peuvent pas s'arrêter au même
instant; la seconde ne s’arrête qu'après un temps qui équi-
vaut à peu près au quart de la durée d’une vibration com-
plète. Cette circonstance est importante par l'influence
qu’elle exerce sur le nombre des signes qui peuvent être
transmis dans un temps donné.
Quand celui qui envoie la dépêche lève le doigt qu'ilavait
posé sur la première touche pour le porter sur la seconde et
faire le deuxième signe, les phénomènes suivants s’accom-
plissent. Le levier de son appareil, obéissant à l’action du
ressort qui le tire, est libre enfin d'achever son retour, et
il l’achève en effet. Alors le circuit étant partout fermé, le
courant se rétablit; les armatures des deux stations sont at-
tirées simultanément, et les aiguilles reprennent leur marche
concordante jusqu’à l'instant où celle de la première station
marque le second signe; l'aiguille de la seconde station le
répête à son tour; et les mêmes phénomènes se reproduisent
jusqu’à la fin de la dépêche.
Si tout se passe bien, l'opérateur de la seconde station n’a
rien autre chose à faire qu’à suivre d’un oeil attentif les mou-
vements de son aiguille indicatrice, et à écrire ou à dicter
les signes qu’elle lui a désignées; si, au contraire, il a un
doute, ou s’il est survenu quelque dérangement, il pose le
doigt sur une touche; alors l'aiguille de la première station
s'arrête à ce signe, et celui qui envoie la dépêche est prévenu
par là que son correspondant veut parler: l'entretien s’en-
gage, les explications s’'échangent, et bientôt le travail pri-
mitif reprend son cours. On peut dire que c’est une conver-
sation bien ordonnée, entre deux personnes qui veulents’en-
tendre, chacune ayant une égale liberté de placer son mot
à propos.
L'appareil dont nous venons de donner une idée se suffit
à lui-même; il n’a besoin d’aucun auxiliaire lorsqu'on veut
s’en rapporter au manuscrit de l’opérateur, et courir la chance
des erreurs qu'il a pu commettre, soit en lisant les mou-
vements de l'aiguille, soit en écrivant Les signes après les
avoir lus.