Full text: Nouveaux Élémens D'Architecture (Partie 3)

  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
8& £ LÉ MENS 
c'eft d’un jufte mélange que réfulte la perfection de l'ouvrage. Uné 
trop grande quantité de chaux vive, qui a beaucoup de force , 
qui boit beaucoup , ne trouvera pas à s’éteindre parfaitement & 
à fe combiner en mortier ; elle brülera & tombera en pouf- 
fiere : celle au contraire qui , en s’éteignant , aura été inondée , fans 
pouvoir abforber l’eau dans fa fufñon , en laiflera de fuperflue , 
qui, par l’évaporation dans le defféchement du mortier , le crévaf- 
fera. On ne peut trop recommander les eflais fur la qualité de la 
chaux, mème aux ouvriers qui auront opéré avec la plus grande 
jufteffe dans un pays , & qui voudront travailler dans un autre. 
Indépendamment de l’avantage local qui peut fe trouver plus ou 
noins grand , il faut qu’ils foient bien convaincus que la chaux 
fe décompofe à mefure qu’elle vieillit, & qu'il faut par confé- 
quent ‘en augmenter progreflivement la dofe ; que fa mauvaife 
qualité peut même faire entiérement échouer l'ouvrage. 
Pour avoir continuellement de nouvelle chaux, il feroit à defirer 
que dans des travaux fuivis & en grand , on eüt des fours à 
chaux, comme ceux que l’on voit à Chartres ; ce font des four- 
neaux de formes coniques , remplis lit par lit alternativement de 
charbon de terre, & de pierre callée en petites parties. Ces fours 
fe chargent par le haut, & à mefure du befoin , on tire de la 
chaux par le bas : au moyen de cela on en a continuellement de 
nouvelle ; mais un avantage qui ne feroit pas moins confidérable, 
c'eft que, par ce procédé , on feroit maitre de donner fuivant la 
qualité de la pierre, le dégré de cuiffon qui eft néceflaire , & 
qui n’exige pas toujours une aufli confidérable diminution de fon 
poids, que celle qui eft communément afhignée fur des épreuves 
particulieres ; on n’auroit pour cela qu’à augmenter ou dimi- 
ñget à proportion les lits de charbon de terre. 
uant à la qualité du fable, il y en a de carrieres, préférable 
lui des rivières , dont le grain eft trop poli par le charriage. 
La préparation du mortier ou ciment dont 1l s’agit, fe peut faire 
de deux manieres : la premiere, en délayant exaétement, avec la 
chaux éteinte & l’eau , les matieres de fable , de brique pilée 
ou autres qu'on y veut faire entrer , à la confiftance qu'on a an- 
noncée, c'eft-a-dire , un peu plus claire que pour lemploi ordi- 
naire. C'eft en cet état qu'il faut jetrer de la: chaux vive pul- 
vérifée , en l’éparpillant & débroyant bien pour s’en fervir incon- 
tinent. La feconde éft de faire un mêlange de matieres féches”, 
c'eftà-dire, du fable , de la brique pilée & de la’ chaux vive , ‘dans 
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