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c'eft d’un jufte mélange que réfulte la perfection de l'ouvrage. Uné
trop grande quantité de chaux vive, qui a beaucoup de force ,
qui boit beaucoup , ne trouvera pas à s’éteindre parfaitement &
à fe combiner en mortier ; elle brülera & tombera en pouf-
fiere : celle au contraire qui , en s’éteignant , aura été inondée , fans
pouvoir abforber l’eau dans fa fufñon , en laiflera de fuperflue ,
qui, par l’évaporation dans le defféchement du mortier , le crévaf-
fera. On ne peut trop recommander les eflais fur la qualité de la
chaux, mème aux ouvriers qui auront opéré avec la plus grande
jufteffe dans un pays , & qui voudront travailler dans un autre.
Indépendamment de l’avantage local qui peut fe trouver plus ou
noins grand , il faut qu’ils foient bien convaincus que la chaux
fe décompofe à mefure qu’elle vieillit, & qu'il faut par confé-
quent ‘en augmenter progreflivement la dofe ; que fa mauvaife
qualité peut même faire entiérement échouer l'ouvrage.
Pour avoir continuellement de nouvelle chaux, il feroit à defirer
que dans des travaux fuivis & en grand , on eüt des fours à
chaux, comme ceux que l’on voit à Chartres ; ce font des four-
neaux de formes coniques , remplis lit par lit alternativement de
charbon de terre, & de pierre callée en petites parties. Ces fours
fe chargent par le haut, & à mefure du befoin , on tire de la
chaux par le bas : au moyen de cela on en a continuellement de
nouvelle ; mais un avantage qui ne feroit pas moins confidérable,
c'eft que, par ce procédé , on feroit maitre de donner fuivant la
qualité de la pierre, le dégré de cuiffon qui eft néceflaire , &
qui n’exige pas toujours une aufli confidérable diminution de fon
poids, que celle qui eft communément afhignée fur des épreuves
particulieres ; on n’auroit pour cela qu’à augmenter ou dimi-
ñget à proportion les lits de charbon de terre.
uant à la qualité du fable, il y en a de carrieres, préférable
lui des rivières , dont le grain eft trop poli par le charriage.
La préparation du mortier ou ciment dont 1l s’agit, fe peut faire
de deux manieres : la premiere, en délayant exaétement, avec la
chaux éteinte & l’eau , les matieres de fable , de brique pilée
ou autres qu'on y veut faire entrer , à la confiftance qu'on a an-
noncée, c'eft-a-dire , un peu plus claire que pour lemploi ordi-
naire. C'eft en cet état qu'il faut jetrer de la: chaux vive pul-
vérifée , en l’éparpillant & débroyant bien pour s’en fervir incon-
tinent. La feconde éft de faire un mêlange de matieres féches”,
c'eftà-dire, du fable , de la brique pilée & de la’ chaux vive , ‘dans
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