EUCLIDE. 5i
general les théorèmes d’Euclide ne sont que de pure spéculation ; ils
donnent les moyens de mesurer quelques lignes et quelques surfaces ;
ils peuvent conduire à quelques solutions graphiques toujours très-im
parfaites quand on ne sait pas y appliquer le calcul.
Euclide nous a laissé un ouvrage plus astronomique intitulé Phénomènes
(Qctivopnvct,). Ce livre est précieux comme monument historique et
comme un dépôt qui doit être à peu près complet, des connaissances
qu’on avait en Grèce à cette époque. Il est naturel de penser qu Euclide
aura lui-même ajouté à la masse de ces connaissances , et nous pour
rons regarder comme postérieur à l’an —ooo tout ce qui ne sera pas
consigné dans le livre des Phénomènes. En voici un extrait.
On voit que toutes les étoiles se lèvent invariablement aux mêmes
points de l’horizon ; que celles qui se lèvent ensemble un jour de l’année,
se lèvent ensemble tous les autres jours; que celles qui se couchent
ensemble, font toujours de même , et que dans leur mouvement elles
conservent toujours les mêmes distances entr’elles; c’est ce qui ne peut
avoir lieu que pour les objets qui tournent par un mouvement circu
laire , lorsque l’oeil est placé au centre de la sphère qui se compose de
tous ces cercles , ainsi qu’on le démontre dans l’Optique. Il faut donc
supposer que le mouvement des astres est circulaire; qu’ils sont enchâssés
dans une sphère solide , et que l’œil est à égale distance de tous les
points de la périphérie sphérique.
On voit au milieu , entre les Ourses , une étoile qui ne change point
de place, mais qui tourne dans le lieu où elle est fixée; et puisque
celte étoile est toujours à égale distance d’une étoile quelconque parmi
celles qui tournent autour d’elle, il faut en conclure que les étoiles
décrivent des cercles parallèles qui ont cette étoile pour pôle.
Nous pourrions contester le fait de l’étoile placée exactement au pôle.
Euclide s’exprime ici en géomètre qui n’a guère examiné le ciel ; mais
admettez le fait, vous verrez dans tous ces raisonnemens une marche
méthodique , claire et parfaitement géométrique.
Quelques étoiles ne se couchent ni ne se lèvent, leurs cercles sont trop
élevés; ce sont celles qui sont placées entre le pôle et le cercle arctique.
Leurs parallèles sont d’autant moindres qu’ils approchent plus du pôle.
Le plus grand de ces cercles parallèles est le cercle arctique. Les étoiles
qui sont sur ce cercle, ne font que raser l’horizon.
On voit que tous les astres qui sont au-dessous de ce cercle et plus loin
du pôle , se lèvent et se couchent > parce que leurs parallèles sont partie