DES INDIENS. 5 if
instrumens destinés à des observations réelles. Leurs fausses latitudes ,
leurs fausses longitudes paraissent peu propres au calcul. L'étoile des
Poissons , à l’intersection de l’équateur et de l’écliptique, a été fort com
mode pour leurs observations ; mais cet avantage n’a pu être d'une longue
durée; la précession la déplaçant continuellement, on ne voit pas ce qui
les a réglés à d’autres époques. Avec leur obliquité de 24% leur ignorance
de la réfraction , les erreurs qu’ils commettaient sans doute sur la hauteur
du pôle , on ne voit pas comment ils auraient pu trouver exactement la
longitude et la latitude des étoiles. Us n’en ont désigné que 27, c'est-à-
dire une dans chaque nakschatra ; et comment ces positions s’accordent-
elles , soit entr’elles, soit avec les nôtres ? elles ne sont généralement
données qu’en degrés. On peut donc en conclure que jamais les Hindous
n’ont été véritablement observateurs ; qu’ils n'ont pu avoir rien de précis,
à moins qu’ils ne l’aient reçu de leurs voisins, et que ces emprunts mêmes
n’ont eu lieu que fort tard. Il nous est donc permis de les traiter en étran
gers, et si nous voulions faire autrement, nous serions très-embarrassés
à trouver ce que nous pourrions leur devoir, ainsi qu’à fixer les tems où
les communications auraient eu lieu. Il est même assez difficile de montrer
à quelle époque leur système arithmétique a pu pénétrer en Europe. Si
les Indiens en sont véritablement les inventeurs, s’ils en étaient en pos
session dès long-tems, et lorsque les Grecs ont été s’instruire à leur école,
pourquoi ces Grecs voyageurs n’ont-ils pas rapporté cette arithmétique ?
Mais ne pourrait-on pas faire une autre question? Est-il bien certain que
les Grecs les aient visités et qu’ils aient appris d'eux quelques vérités, soit
géométriques , soit astronomiques ? Nous n’avons sur ce point que quel
ques traditions extrêmement vagues et rien de sûr. Malgré tous ces
doutes, nous ne pouvons quitter les Indiens sans donner ici une idée de
celte Arithmétique. Le plus ancien auteur qui en ait parlé, est le moine
Planude, dont l’ouvrage est écrit en grec. Quoiqu’il soit de beaucoup
postérieur à l’époque où nous avons laissé les Grecs et les Latins, comme
il fait un article isolé qui ne se lie à rien, il sera ici placé tout aussi natu
rellement, au moins, que partout ailleurs, et nous finirons avec les Indiens
pour n’y plus revenir.
Nota. L'éclipse calculée ci-dessus, pag. 471 et suivantes , est celle du
lundi 2 novembre 1789. Le calcul fait sur les Tables du Sourya-Siddhanta
prouve que le lundi des Indiens est exactement notre lundi, puisque
soma-vcu' signifie jour de la lune.