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2 . LES MECANISMES MIS EN JEU DANS L’EROSION DES SOLS AGRICOLES LIMONEUX
Parmi les principaux facteurs de l'érosion que sont la pluie, la nature du sol, l'occupation du sol et la
morphologie des terrains, aucun ne joue à lui seul un rôle déterminant sur les sols agricoles du Nord de la
France (fig.l), mais ils inter-agissent selon des processus schématisés en quatre temps (Ring et Le Bissonnais
1992) (fig.2).
(1) Les sols à dominante limoneuse présentent une faible stabilité structurale à l'origine de la formation d'une
croûte dite de "battance", d'autant plus rapide que des pratiques culturales affinent les agrégats du sol et que les
sols sont nus (Boiffin 1984, Le Bissonnais et Singer 1993).
(2) La dégradation de surface entraîne la fermeture de la porosité et la disparition de la rugosité, ce qui va
considérablement ralentir l'infiltration de l'eau et ne plus pemettre la détention de l'eau par flaquage. De vastes
impluviums quasi imperméables sont ainsi à l'origine d'un ruissellement important même si les pluies sont de
faible intensité.
(3) Ainsi, malgré des pentes douces, la forme des bassins versants va jouer un rôle essentiel dans le processus
de concentration du ruissellement. Ces bassins correspondent aux bassins versants élémentaires B VE,
correspondant aux unités fonctionnelles du ruissellement.
(4) Au point de concentration, le flux d'eau peut atteindre une force tractrice suffisante pour entraîner
l'arrachement du sol et son transport.
L'évaluation des surfaces dites "potentiellement ruisselantes," issues de l'intersection géographique des sols
sensibles à la battance et des parcelles en cultures d'hiver, a permis d'établir une relation hautement
significative entre ces surfaces et les signes d'érosion (Auzet et al. 1993).
figure 1. Localisation du site
figure 2. Enchaînement des processus
(de King et Le Bissonnais 1992)
3 - POSSIBILITES DANS LE DOMAME DES COURTES LONGUEURS D’ONDE
3.1 La détection des signes pertinents dans le visible et le proche infra-rouge:
Les possibilités de la télédétection ont déjà été testées dans ce contexte avec des radiomètres de terrain puis
avec SPOT et Landsat TM ( Courault 1989, Boissard et al. 1989, King et al 1989, King et al. 1990). Elle peut
apporter une aide à la caractérisation et l'inventaire de deux composantes des mécanismes d'érosion: la
génération de la croûte de battance sous l'action des évènements pluvieux et la prise en compte de la
distribution spatiale de sols laissés à nus pendant des périodes à forte pluviosité. Signalons que la détection des
croûtes de "battance" s'est avérée envisageable (fig.3), à une condition : que les confusions avec les
affleurements calcaires soient improbables dans la zone considérée, ou résolues par des approches multi-dates
pour différencier les fortes reflectances temporaires, - associées en règle générale aux croûtes de battance -,
des fortes reflectances permanentes, - plus souvent indicatrices d'affleurements calcaires - (King et al. 1990).