THÉORIE DES SATELLITES DE SATURNE.
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CHAPITRE VI.
THÉORIE DES SATELLITES DE SATURNE. — PERTURBATIONS DE JAPET.
34. Des satellites de Saturne. — « La théorie des satellites de Saturne
est très imparfaite, parce que nous manquons d’observations suffisantes pour
en déterminer les éléments. L’impossibilité où l’on a été jusqu’ici d’observer
leurs éclipses, et la difficulté de mesurer leurs élongations à Saturne, n’ont
permis de connaître encore avec quelque précision que les durées de leurs
révolutions et leurs distances moyennes Ignorant donc l’ellipticité des
orbites de tous ces corps, il est impossible de donner la théorie des pertur
bations qu’ils éprouvent; mais la position constante de ces orbites dans le plan
de l’anneau, à l’exception de la dernière qui s’en écarte sensiblement, est un
phénomène digne de l’attention des géomètres et des astronomes Nous
allons ici développer la raison pour laquelle l’orbite du dernier satellite
s’écarte de ce plan d’une quantité très sensible ( 1 ). »
Les observations que réclamait Laplace ont été faites dans ces dernières
années, grâce surtout aux puissants instruments de Washington, Poulkovo,
Toulouse, etc.; elles n’embrassent encore qu’un intervalle de temps assez
restreint; cependant elles ont déjà permis à la Mécanique céleste de faire des
progrès impossibles à l’époque de Laplace. Nous nous proposons d’exposer assez
complètement l’état actuel de la Science sur ce sujet important.
Il convient d’abord de donner quelques indications générales sur les satel
lites et leurs mouvements.
On connaît huit satellites qui sont, par ordre de distance croissante à Saturne,
Mimas, Encelade, Téthys, Dioné, Rhéa, Titan, Hyperion et Japet. Le plus gros,
Titan, peut être aperçu avec la lunette la plus faible; aussi a-t-il été découvert
par Huygens en i655. Son diamètre apparent paraît inférieur à T, de sorte que
son diamètre réel serait un peu inférieur à celui de Mars. Une lunette de 4 à
—
( 1 ) Lapla.ce, Mécanique céleste, t. IV.