Deuxième séance
817
Dans ses principes généraux, nous la devons aux aviateurs militaires
de la guerre 1914-1918, retrouvant el photographiant les traces des abris
souterrains, ou décelant les camouflages savants des ouvrages ennemis.
Plus on avance dans l’étude de la documentation aérienne réunie par les
aviations allemande, anglaise, belge et française, plus on admire l'utili
sation que les observateurs et les photographes ont su faire des éclairages
obliques, des variations de teintes du terrain et de sa verdure.
L’idée d’utiliser l’observation et la photographie aériennes aux recher
ches archéologiques vint naturellement à tout aviateur tant soit peu
préoccupé des questions historiques qui, au cours des opérations, eut à
survoler des régions aujourd’hui désertes et anciennement occupées par
de grandes civilisations, et tâcha d'en reconstituer de haut la carte géné
rale.
En Orient, pendant les opérations sur le canal de Suez, le Dr Theodor
Wiegand fut aidé dans ses recherches et relevés archéologiques par les
photographes de la 300 e escadrille allemande.
En Mésopotamie, le lieutenant-colonel G. A. Beezeley, dans ses recon
naissances au-dessus du désert d’Irak, faisait des observations intéres
santes sur l’utilité des avions pour les recherches archéologiques. Il fut
le premier à la signaler (Geographical Journal, 1919, p. 330 et ss. et 1920,
p. 109 et ss.).
En même temps, à Salonique, l’aviation française fournissait au
Service archéologique de l’Armée d’Orient, des photographies aériennes
pour l'étude et la fouille des sites anciens. Certaines de ces vues datent
de 1915. Mais cette utilisation de l’aviation pour les recherches archéolo
giques était encore timide et assez rudimentaire. Elle s’arrêtait souvent
au relevé de sites perdus, ignorés, loin des pistes actuelles ou mal visibles
au sol.
Tous ceux d’entre nous qui avaient survolé pendant la guerre les
régions désertiques d’Asie, Macédoine, Egypte, Mésopotamie ou Perse,
portaient dans leur cerveau les germes de la méthode, attendant une occa
sion favorable pour la développer pleinement et l’appliquer à différents
terrains.
Il faut citer parmi les travaux d’après-guerre, les remarquables recher
ches aériennes faites en Angleterre par M. G. O. Crawfoiid, ancien officier
aviateur, chargé du Service archéologique de l’Ordriance Survey de
Southampton.
Je note que ce n’est qu’à la fin de l’automne 1927 que j’eus le plaisir
d’entrer en relation avec M. Crawfoiid et de connaître ses recherches,
publiées en 1923, dans le Geographical Journal, puis en 1924, ainsi que
celles du professeur R. A. Mac Lean (American Journal of Archeology,