124 LES INSTRUMENTS, LES MÉTHODES ET LE DESSIN TOPOGRAPHIQUES.
XI. - c onséquences de cette substitution. Admirables
travaux de Picard.
Quoiqu’il en soiI, il faut arriver aux travaux de Picard pour
trouver la véritable consécration de cette substitution si pré
cieuse de la lunette armée d’une croisée de fils à l’antique ali
dade ( 1 ).
Picard associé àAuzout avait contribué lui-même à réaliser
cette innovation (après avoir coopéré à la construction du mi
cromètre à fil mobile) ; il l’avait d’abord utilisée dans sa célèbre
mesure d’un arc du méridien de Paris et, peu de temps après,
dans les opérations de nivellement dont il sera question plus
loin ( 2 ).
Pour la mesure des angles des triangles depuis Malvoisine, au
sud de Paris, jusqu’à Sourdon,près d’Amiens, et même jusqu’à
Amiens, Picard avait fait construire un quart de cercle (PL B,
fig. i) de 3 pieds 2 pouces de rayon dont le limbe était divisé en
minutes très distinctes par des lignes transversales (on a vu
qu’Hévélius avait cependant fait usage du vernier, mais cela
compliquait beaucoup la construction des grands instruments
de cette époque), et pour l’observation de la hauteur du pôle, à
Malvoisine, à Sourdon et à Amiens, il avait employé un sec
teur comprenant la vingtième partie de la circonférence de
( 1 ) On 11e saurait passer sous silence ce fait tout à fait extraordinaire que
l’un des astronomes les plus justement célèbres de ce temps, Hévélius,
sous le prétexte que les lunettes ne grossissaient pas les étoiles, ne voulut
jamais consentir à renoncer aux alidades, si bien que, malgré les perfec
tionnements apportés à la construction de ses instruments et le soin qu’il
mit à refaire le Catalogue d’étoiles de Tycho, ses observations ne furent
presque d’aucune utilité à une époque où l’on pouvait déjà prétendre à une
plus grande précision. Le fait, nous le répétons, était d’autant plus extra
ordinaire qu’Hévélius savait travailler le verre et qu’il avait construit lui-
même d’excellentes lunettes dont il s’était habilement servi pour faire une
étude complète de la surface de la Lune, pour examiner les planèles, les
comètes et les taches du Soleil, qu’il avait employées après Scheiner pour
déterminer la durée de la révolution de cet astre autour de son axe, etc.
( 3 ) Voyez, dans le Recueil intitulé Ouvrages de Mathématique de
M. Picard (à Amsterdam, chez Pierre Mortier; mdccxxxvi) :
La Mesure de la Terre, par M. Picard; Le Traité du nivellement, par
M. Picard, et Du Micromètre, par M. Auzout.