CHAPITRE I. — HISTORIQUE DES INSTRUMENTS ET DES MÉTHODES. 125
io pieds de rayon, divisé en tiers de minutes toujours par des
lignes transversales.
La distance des deux parallèles de Malvoisine et deSourdon
ayant été trouvée de 6843o toises 3 pieds, et la différence des
latitudes des deux stations de i o h'5-j", on en avait conclu
pour la longueur du degré 57064 toises 3 pieds. Mais, d’un
autre côté et à titre de vérification, on avait continué jusqu’à
Amiens et l’on avait trouvé pour la distance des parallèles du
pavillon de Malvoisine et de Notre-Dame d’Amiens 78860 toises,
avec une différence des latitudes de i°22'55", d’où la longueur
du degré de 07057 toises. Picard avait admis dès lors que la
longueur du degré d’un grand cercle de la Terre pouvait être
évaluée, en nombre rond, à 57060 toises, ce qui donnait pour
la grandeur du rayon terrestre toises de Paris.
On sait la célébrité acquise par ces deux nombres, d’une
exactitude bien supérieure à toutes les évaluations anté
rieures (’), dès que Newton les eut connus et eut pu s’en
servir pour vérifier sa loi de la gravitation universelle dont il
avait ajourné la publication pendant plusieurs années dans la
crainte de s’être trompé.
Ce fait suffirait à lui seul pour l’illustration de Picard; mais,
bien que la mesure dont il s’agit ne fût pas encore entièrement
irréprochable, il convient d’insister sur ce qui en faisait le mé
rite et sur les autres travaux de l’astronome éminent qui a, le
premier, atteint le but que tant d’autres avaient manqué. Le
choix des stations et de la base de sa triangulation, celui des
instruments, les méthodes d’observation adaptées ou plutôt
créées à cette occasion témoignent hautement de la sagacité et
du rare talent de Picard. On peut ajouter, sans crainte d’être
contredit, que le succès qui en fut la récompense inspira à
l’Académie des Sciences naissante la confiance qui lui fit pour-
( 1 ) L'excellent Picard avait très bien vu par où péchaient les mesures des
anciens, celles des Arabes et celles des modernes, et admiré comment Fer-
nel, avec des moyens grossiers, avait pu trouver une longueur du degré
très approchée de la véritable. Il devait rencontrer à Amsterdam un autre
astronome, M. Blaeu, qui était arrivé à un résultat presque identique au
sien et qui, sans le moindre esprit de jalousie pour le succès de la mesure
de Picard, en était, au contraire, enchanté. Voyez, dans le Recueil déjà cité,
le Voyage d’Uranibourg.