CHAPITRE I. — HISTORIQUE DES INSTRUMENTS ET DES MÉTHODES. 2.5t)
même à présent, que sous le prétexte de préciser davantage,
mais en réalité par amour du néologisme, on en altère la signi
fication.
Le nom de Topographie ( 1 ), par exemple, est dans ce
cas. On verra, au Chapitre suivant, qu’il a été pendant long
temps appliqué, à juste titre d’ailleurs, à la représentation
pittoresque des localités et en particulier des lieux habités,
châteaux, villes, etc., se confondant ainsi avec ce que l’on
appelle plus communément à présent une vue en perspec
tive cavalière, panoramique, etc., ou bien encore, à une
autre époque, avec l’expression de Scénographie (conservée
dans le mot anglais scenery, paysage), liée systématiquement
à ces deux autres, l’Ichnographie c,\, VOrthographie, qui dési
gnaient l’une le plan géométral et l’autre l’élévation ou le profil
proprement dit, également géométral, quand on les appliquait
toutes les trois à la fois au dessin d’un édifice ou d’un ensemble
d’édifices et par extension aux paysages, aux plans et aux pro
fils, coupes ou sections verticales du terrain {-).
Actuellement (et dans tout ce qui précède nous l’avons
admis sans restriction), on désigne sous le nom de Topogra-
( 1 ) Il est bien entendu que nous ne parlons ici que de la Topographie
dessinée. On sait bien, et nous le rappellerons plus loin, que pour la des
cription écrite ou parlée des localités, on se sert de la même expression.
( 2 ) Voici ces définitions telles qu’elles sont données dans un excellent
Ouvrage du milieu du xvir siècle :
« Scenographia aut pictura est repraesentatio apparentiae objecti, in su
perficie plana, quam sectionem vocamus. Quemadmodùm geometria divi
ditur in tres partes principales, velut in longimetriam, planimelriam et
stereometriam (in quà stereometriæ reliquæ duæ partes continentur) ita
quoque scenographia aut pictura dividitur in tres partes, in ichnograpliiam,
orthographiam et scenographiam, in quà scenographia duæ precedentes
partes similiter comprehendentur, quarum singulas suo loco definiemus.
Ac perindè uti longimetria et planimetria plerumque geometria vocantur.
Ita ichnograpliia et orthographia quoque communiter dictuntur pictura
aut scenographia omnes autem simul perspectiva. » (Samuelis Marolois,
Opticce sive Perspectives, Pars prima. — Marolois, complété par Albert
Girard. Grand in-4°; 1647).
On doit remarquer la relation étroite dans laquelle les auteurs de ce
temps maintenaient le dessin géométral (plans, coupes et élévations :
Ichnographie et Orthographie) et le dessin pittoresque (vues en perspec
tive : Scénographie). C’est, du reste, ce qu’ont continué à faire les archi
tectes, beaucoup plus que les topographes.