386 LES INSTRUMENTS, LES MÉTHODES ET LE DESSIN TOPOGRAPHIQUES.
trie, comme l’avaient dû faire les premiers fondateurs qui,
dépourvus de grandes ressources, n’avaient pu employer que
le bois pour établir l’église ou l’oratoire, ainsi que les habi
tations isolées des cénobites, de ce jour, disons-nous, l’archi
tecture des maisons religieuses prit une physionomie spé
ciale; la distribution des diverses parties demanda une étude
particulière; des emprunts se firent à la civilisation romaine,
et le dessin linéaire vint guider les constructeurs. L’antiquité
en avait donné l’exemple : tous ses monuments, si parfaits
dans leurs formes, n’avaient pu s’élever que sur des études
arrêtées à l’avance par des dessins et des épures ( ( ). Le
moyen âge dut suivre cette route inévitable. Aussi trouvons-
nous, dès le commencement du ix e siècle, un précieux dessin
qui le prouve, le plan de l’abbaye de Saint-Gall, exécuté vers
l’année 820, et que possèdent encore les archives de ce mo
nastère supprimé, et un projet à Vétat d'esquisse, un guide
pour l’abbé constructeur ( 2 ), car l’exécution exige des dessins
autrement développés. »
A côté de ce plan géométrique, Albert Lenoir donne une
vue cavalière de l’abbaye de Centula (Saint-Régnier), con
struite en 799 par saint Angilbert, mais dont le dessin, fort
bien fait, semble être contemporain de celui du plan de l’ab
baye de Saint-Gall qu’il complète, en faisant connaître le genre
d’architecture des églises et des cloîtres de cette époque.
On pourrait encore citer à la suite et dans le même Ouvrage
le plan du prieuré de Canterbury, dessiné entre les années
ii3o et 1134 par le moine Edwin, le plus ancien après celui
de l’abbaye de Saint-Gall, avec les élévations données en
rabattement, et, vers les mêmes dates, les plans des abbayes
de Saint-Germain des Prés, de Saint-Martin des Champs, du
Mont-Athos, etc., en perspective cavalière.
(') On a retrouvé en Égypte des épures « tracées pour épanneler des
chapiteaux; on voit sur des bas-reliefs les façades géométrales d’édifices en
tiers ». {Note d’A. Lenoir.)
(9 Ce guide est d’ailleurs très clair et accompagné de légendes (en vers
et en prose). C’est ce que nous appellerions aujourd’hui un type comme on
en donne souvent dans les grands services publics, pour les hôpitaux, les
casernes, etc.