4o_i LES INSTRUMENTS, LES MÉTHODES ET LE DESSIN TOPOGRAPHIQUES.
Les deux genres de dessin, le paysage et la carte ou le plan,
ont été souvent associés de la manière la plus intime, et, de
puis longtemps, en particulier dans l’établissement des plans
terriers. On en trouve la preuve dans les plus anciens docu
ments manuscrits conservés aux Archives nationales, sur
lesquels il est intéressant de rencontrer quelquefois le nom
de l’auteur des vues des édifices à côté de celui du géo
mètre.
Tel est, par exemple, le plan du fief de Saint-Fiacre, à Pa
ris, en i56j, compris entre la rue Montmartre et le chemin
des Poissonniers (depuis rue Poissonnière), où les enclos et
les îlots de propriétés sont limités par des bornes avec des
distances cotées en perches et où la porte Montmartre et les
maisons sont dessinées, comme on l’a dit plus tard, en demi-
perspective et coloriées. Les deux auteurs de ce plan étaient
Jean Rondel, peintre juré, et Nicolas Girard, arpenteur
juré (').
Il n’est peut-être pas hors de propos de faire remarquer que,
dans ce système, les vues des maisons qui figuraient sur ces
même temps que l’Architecture et la fortification. L’un de ses Ouvrages,
publié en 1669, était intitulé : Pratique de la Géométrie sur le papier et
sur le terrain; il fut réédité in-8°en 1688, 1690, 1719, 1735 et 1745, sous le
nouveau titre de Géométrie théorique et pratique, à l’usage des artistes.
Ce livre, orné de charmantes et spirituelles vignettes qui n’étaient pas
toujours les mêmes dans les différentes éditions, a eu, pendant près d’un
siècle, une vogue extraordinaire, et malgré ou peut-être grâce à la sim
plicité des instruments et des méthodes qui y étaient indiqués, il a
contribué à former des opérateurs et à développer le goût de la Topogra
phie en France.
Van der Meulen, dont les tableaux de sièges et de batailles sont si juste
ment célèbres, n’était pas seulement le grand peintre d’histoire que l’on
connaît; il a laissé un nombre considérable de gravures représentant le plus
souvent des actions militaires encadrées dans de magnifiques paysages,
et, comme Sébastien Leclerc, il a enseigné le Dessin et la Perspective aux
Gobelins, où il existe encore bien des études de lui et de quelques-uns
de ses élèves qui mériteraient d’être plus connues et conservées avec soin.
(') Les professions de peintre juré et d’arpenteur juré ont été exercées
quelquefois par les plus grands artistes. O11 sait, par exemple, que Ber
nard Palissy était arpenteur, ce qui pourrait expliquer, jusqu’à un certain
point, sa tendance à représenter des animaux qu'il était à même d’observer
souvent en pratiquant sa profession : des lézards, des serpents, des gre
nouilles, des limaçons, etc. Il existe aussi, paraît-il, un plan de Limoges,
levé et dessiné par Léonard Limosin, arpenteur aussi par conséquent.