CHAPITRE II. — LA TOPOGRAPHIE DANS TOUS LES TEMPS. 4«7
pour eux qu’une sorte d’enseignement mutuel, et, parmi les
Ouvrages qu’ils pouvaient étudier, l’excellent petit Traité de
Sébastien Leclerc dut tenir pendant longtemps l’un des pre
miers rangs ( 1 ). Ajoutons qu’à l’époque où le corps fut tout à
fait constitué, sur trente membres dont il était composé, il y
avait deux peintres de batailles qui enseignaient le paysage aux
lieutenants, qualifiés quelquefois d’élèves, au nombre de seize.
On devine la place que devait occuper le dessin artistique dans
cette organisation très simple, dirigée vers un but unique.
Pour les officiers du génie, dont les fonctions étaient au con
traire multiples, on jugea nécessaire, à partir de 1748, d’avoir
une École; celle-ci fut installée à Mézières, où les cours de
Mathématiques et de Physique étaient faits généralement par
des maîtres éminents, tandis que le dessin de la fortification
et les problèmes auxquels donnaient lieu le tracé des ouvrages
et leur défilement y suscitèrent, comme nous allons le voir,
la recherche d’une représentation géométrique du relief du
terrain déplus en plus rigoureuse ( 2 ).
Le dessin de paysage n’était pas négligé pour cela; on l’exi
geait même pour l’admission à cette École, et les élèves du
génie, comme ceux du corps des ingénieurs des camps et
armées, étaient exercés à faire des croquis rapides et des vues
pittoresques d’après nature.
A cette époque, dans la Topographie à grande échelle em-
(') Un autre Ouvrage, très en vogue à partir du commencement du
xviii 0 siècle, était le Traité de la construction et de l’usage des instruments
de Mathématiques, de Bion (2 0 édit.; Paris, 1716). L’auteur, ingénieur du
Roi pour les instruments de Mathématiques, était un habile constructeur.
Cet Ouvrage contenait tous les détails nécessaires sur les instruments
particulièrement destinés aux ingénieurs militaires et sur les opérations
qu’ils servaient à faire sur le terrain, celles de l’artillerie comprises.
( 2 ) A la date précise de 1748, Milet de Mureau, qui fut directeur des
fortifications et qui devint ministre de la guerre en 1799, avait eu, le pre
mier, l’idée d’écrire sur les plans les cotes de nivellement des points de
la fortification. Il en avait prévu toutes les conséquences et avait indiqué,
pour définir le relief du terrain, l’emploi de lignes droites parallèles repré
sentant les projections ou les traces de profils définis par des cotes de
nivellement inscrites aux points des changements de pente. Telle est l’ori
gine des plans cotés, mais cette notation si simple et si précieuse tarda
encore longtemps avant d’être adoptée. ( Voyez Augoyat, Essai historique
sur les fortifications, les ingénieurs et le corps du Génie, t. II. Paris,
Tanera; 1860-1864.)