CHAPITRE II. — LA TOPOGRAPHIE DANS TOCS LES TEMPS. 4 • 9
Pendant les règnes de Louis XV et de Louis XVI, les ingé
nieurs-géographes, rattachés au corps du Génie en 1777,
avaient été chargés également de faire les caries de plusieurs
de nos colonies et, en dernier lieu, avec l’aide d’arpenteurs du
cadastre, celle de la Corse dont la triangulation avait été exé
cutée avec beaucoup de soin par l’astronome Tranchot, colo
nel des ingénieurs-géographes.
L’instruction théorique des officiers de ce corps s’était, en
effet, beaucoup perfectionnée, et il renfermait des éléments
excellents quand il fut maladroitement supprimé, comme nous
l’avons dit, en 1791, pour être d’ailleurs rétabli à peine deux ans
après.
Plusieurs des cartes auxquelles nous venons de faire allusion
ont été publiées, par exemple celle des Pyrénées, par Roussel
et La Blotlière, d’une exécution médiocre, et celle des Alpes
du haut Dauphiné, par Bourcet, encore aujourd’hui très inté
ressante; mais il existe en outre, au Dépôt des Fortifications,
un assez grand nombre de minutes fort belles qui mérite
raient d’être mises en lumière pour l’édification de la géné
ration actuelle.
On a publié, à des époques plus récentes, la Carte de la Corse
à l’échelle de lu „' oul y et celle de l’Égypte à la même échelle ( ( ),
levée avec le concours d’officiers du génie et d’ingénieurs
des Ponts et Chaussées attachés à l’expédition, dont l’exé-
ne lui firent pas moins d’honneur. En 1776, pendant qu’il travaillait dans
les Alpes, ayant sous ses ordres huit officiers du génie, il y vit arriver
d’autres opérateurs beaucoup moins capables et moins soigneux, et ne put
contenir son mécontentement et son profond dédain. « Des géographes se
disant ingénieurs (dans le fait ouvriers de M. de Cassini, membre de
l’Académie des Sciences), écrivait-il au Ministre, se sont répandus sur cette
frontière pour le travail d’une carte détaillée dont cet Académicien, en
vertu d'un arrêt du Conseil, a obtenu la publication pour toutes les pro
vinces du Royaume.... Je n’insisterai pas sur le désagrément d’une sorte
de conflit indécent entre les officiers d’un corps respectable et des gens
qui, se disant ingénieurs et de plus académiciens, ne dédaignent pas pour
tant de se faire payer à boire par les communautés, les constituer en frais,
en exiger des corvées, s’enivrer avec les paysans. » (Introduction au t. 111
des Documents inédits relatifs au Dauphine, édité par les soins de M. A. de
Rochas d’Aiglun. Grenoble, Ed. Allier; 1875.)
(’) Sans compter un grand nombre de plans de villes à l’échelle de
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