422 LES INSTRUMENTS, LES MÉTHODES ET LE DESSIN TOPOGRAPHIQUES.
wede et de celui de la Meuse, à son embouchure, en unissant
par des courbes continues les points d’égale profondeur ( 1 ).
La même idée était venue, en 1737, au célèbre géographe
et hydrographe français Philippe Buache, qui, sur une Carte clu
canal de la Manche et d'une partie de la mer d’Allemagne,
avait représenté le fond de la mer et les talus immergés des
côtes à l’aide de ces courbes dites de niveau ( 2 ).
Buache avait publié cette méthode en 1752 et y était revenu
en 1771 ; un autre Français, Ducarla, avait proposé de l’em
ployer au-dessus du niveau de la mer et principalement pour
figurer les montagnes. Après l’avoir appliquée lui-même dès
1765 en Suisse, avec l’aide d’un éditeur nommé Dupain-ïriel,
il avait exécuté la première Carte liypsométrique de la
France, qui était et ne pouvait être qu’une ébauche grossière,
simplement destinée à montrer le chemin ( 3 ).
Quelques années auparavant, vers 1768, on s’occupait
( 1 ) Il existe au Dépôt des Fortifications un fragment de carte d’une par
tie des côtes de la Hollande sur laquelle sont tracées ces courbes.
( 2 ) On trouve cette carte dans l’Atlas intitulé : Cartes et Tables de la
Géographie physique et naturelle présentées au Roi le i5 mai 1757 et
composé de 20 planches. Dans un Mémoire ayant pour titre : Essai de
Géographie, lu par Buache à l’Académie des Sciences le 10 novembre 1762,
l’auteur s’exprimait ainsi : « L’usage que j’ai fait des sondes et que per
sonne n’avait employé avant moi pour exprimer le fond de la mer me
paraît très propre à faire connaître d’une manière sensible les pentes des
talus, des côtes, etc.... » Évidemment Buache ignorait que Cruquius l’avait
devancé.
Philippe Buache, dont le nom se trouve rapproché de ceux de Guillaume
Delisle, dont il fut le gendre, et de d’Anville, auquel il succéda à l’Acadé
mie des Sciences, n’était pas sans mérite, mais ne saurait leur être com
paré. C’était surtout un homme d'imagination, dont les idées tournaient
souvent au système. Il fut employé longtemps au Dépôt des Cartes et Plans
de la Marine; à cette époque, les ingénieurs-hydrographes ne voyageaient
que rarement ou même pas du tout, et les cartes qu’ils dressaient se ressen
taient de l’incertitude des documents mis à leur disposition. Il y avait
cependant parmi celles de Philippe Buache, de son neveu Buache de Neu
ville et de Bonne,qui travaillaient sous l'habile direction de Fleurieu, des
œuvres dignes d’être citées et qui pouvaient faire présager ce que devien
drait l’Hydrographie française.
( 3 ) Expression des nivellements ou méthode nouvelle pour marquer
sur les cartes terrestres et marines les hauteurs et les configurations
du terrain; Paris, 1782. En même temps que Ducarla, l’idée de représenter
le relief des montagnes au moyen de courbes de niveau était venue à un
autre inventeur français nommé Dufourny.