CHAPITRE II. — LA TOPOGRAPHIE DANS TOUS LES TEMPS. 4^5
tantes propriétés, la dernière en particulier, restèrent long
temps ignorées, tant qu’il n’exista pas de cartes topographiques
à une assez grande échelle portant des courbes de niveau.
La première utilisation de ces courbes fut donc tout autre;
et, dès que l’on parvint à les tracer avec une exactitude satis
faisante, on reconnut qu’elles étaient propres à guider très
sûrement le dessinateur ou le graveur pour produire le relief
à l’aide de teintes ou de hachures.
Nous allons à présent rencontrer fréquemment cette der
nière expression qui ne nous avait pas encore autant frappés,
bien que l’usage des tailles ou des traits auxquels elle corres
pond soit général, que l’on emploie le burin, la plume ou le
crayon pour modeler des formes naturelles. Cela étant, si l’on
jette les yeux sur quelque ancien plan gravé où l’on a cherché
à exprimer le relief par des ombres, on reconnaîtra aisément
la tendance de l’artiste à diriger ses tailles, ses hachures dans
le sens de la pente du terrain; seulement les teintes et par
conséquent les hachures y sont plus fortes du côté opposé à
la lumière \voyez, par exemple, le plan de Charleroy, par
LePautre (PL F/)]; nous nous trouvons, dans ce cas, en pré
sence du système de la lumière oblique.
Sur la Carte de Cassini et sur celles auxquelles elle a servi
de modèle, on constate également celte tendance instinctive
à diriger les hachures suivant les pentes, mais sans préoccu
pation de l’éclairage, c’est-à-dire en adoptant la même teinte
pour toutes les orientations, dans tous les azimuts, et en accen
tuant seulement les pentes les plus fortes par des hachures
plus grosses; en un mot, on trouve là une première ébauche
du système de la lumière verticale, et il faut convenir que le
résultat n’est pas satisfaisant, l’aspect général de la Carte de
Cassini que nous supposons en cause étant, sans contredit,
peu agréable. Mais il faut aussi reconnaître que les conditions
dans lesquelles celte carte avait été exécutée par des opéra
teurs improvisés étaient bien défavorables. Le côté artistique,
si cher aux ingénieurs-géographes et aux officiers du génie
de ce temps, y était absolument négligé, et c’était sûrement ce
qui avait tant indisposé d’Arçon (voyez la note p. 4^)-
Nous ne contestons pas que la Carte de Cassini ait fait grand