CHAPITRE II. — LA TOPOGRAPHIE DANS TOUS LES TEMPS. 429
Quelques membres de la Commission avaient bien essayé
déjà, à cette époque, de faire admettre l’égalité des teintes
dans toutes les orientations, c’est-à-dire ce que l’on a appelé la
lumière verticale, mais cette convention avait été rejetée, et la
préférence accordée aux teintes naturelles était fondée sur des
considérations qui méritent d’être reproduites ici. in extenso :
« En général, la Commission pense que, pour atteindre la
perfection, chaque dessinateur doit s’attacher à produire
sur les cartes le même effet que ferait un relief parfait
du terrain, ou plutôt la nature elle-même revêtue de ses
formes et de ses couleurs, mais réduites aux dimensions de
l’échelle (* ).
» Cette supposition, en déterminant le but dont il faut appro
cher s’il n’est pas permis de l’atteindre, fournit un terme de
comparaison pour déterminer quelles doivent être, sur une
carte donnée, la force et la dégradation des teintes.
» La Commission pense d’ailleurs qu’il sera très utile, pour
rendre sensible cette manière d’envisager les cartes, de donner
suite à la proposition de M. Hennequin, de mettre sous les
yeux des dessinateurs des reliefs modèles de différents sites
naturels, accidentés, et dans la construction desquels on
approchera le plus possible de la nature.
» Les teintes dérivent de la lumière. Le type idéal que la
Commission vient d’indiquer exige, pour que les teintes qu’il
s’agit d’imiter soient déterminées, qu’on suppose ce relief ou
celte nature ainsi réduite éclairée par une lumière constante
et fixe de position.
(') On sent bien ici l’esprit dont étaient animés des opérateurs qui étaient
en même temps des artistes. Quelques lignes auparavant, le procès-verbal
en contenait une preuve peut-être encore plus frappante : « On peut, dans
les teintes, employer une couleur unique ou les couleurs mêmes des ob
jets. La première manière constitue le Dessin en général; c’est la seconde
qui distingue la Peinture. Le désir d’obtenir le plus grand effet possible,
doit, pour les caries comme pour les tableaux, engager à préférer les
teintes diversement colorées : c’est ce motif qui fait que la Commission
attache un degré d’intérêt de plus à la perfection des cartes lavées
qu’à celle des cartes à la plume, quoique l’un et l'autre genre exercent
et méritent d’exercer le talent des plus habiles dessinateurs. »