42 LES INSTRUMENTS, LES MÉTHODES ET LE DESSIN TOPOGRAPHIQUES.
dont nous ne citerons que les suivants, les plus significatifs :
Quand la mers est obscure et brune,
Qu’on ne voit estoile né lune,
Dont font à V aiguille alumer (');
Puis n’ont-ils garde d’esgarer.
Contre l’estoile va la pointe,
Par ce, sont li marinier cointe
De la droite voie tenir,
C’est un ars qui ne peut fallir.
Beaucoup d’autres auteurs, français pour la plupart, un
anglais et un italien, postérieurs à Guyot de Provins, Jacques
de Vitry, Gauthier d’Espinois, Brunelto Latini, Albert le Grand,
Vincent de Beauvais, ont parlé de l’aiguille aimantée, et les
deux derniers avaient cru trouver dans une traduction arabe
d’un prétendu Traité d’Aristote sur les pierres, que la polarité
de l’aimant était connue des Grecs, mais cela n’est aucune
ment fondé et prouve simplement, selon Klaproth, « que ce
qu’on savait à cette époque sur ce sujet provenait de livres
arabes {-) ».
Citons encore ce passage tout à fait explicite tenu pour in
contestable par notre auteur sur le sens critique duquel on
peut assurément compter :
« Sous le règne de Saint Louis (ainsi entre 1226 et 1270),
dit le savant jésuite Biccioli, les navigateurs français se servaient
déjà ordinairement de Y aiguille aimantée, qu'ils tenaient na
geant dans un petit vase d’eau et qui était soutenue par
deux tubes pour ne pas aller au fond. »
( 1 ) Alors les mariniers placent une lumière près de l’aiguille. (Paulin Paris.)
( s ) D’Avezac, cet autre érudit si bien informé, dans une Note lue en x858,
à la Société de Géographie de Paris, et intitulée : Anciens témoignages
historiques relatifs à la boussole, n’était pas éloigné d’admettre que la
polarité de l’aimant pouvait remonter jusqu’au temps d’Aristote ou de
quelqu’un de ses élèves. Il faisait connaître en outre deux textes inédits
découverts par M. Thomas Wright et qui, non seulement confirment que la
boussole était employée à la fin du xii° siècle par les marins de l’Europe,
mais démontrent que l’aiguille était déjà posée en équilibre sur un pivot
et y oscillait circulairement. L’auteur de ces textes était un Anglais du
nom de Neckam (Alexandre) qui avait enseigné à l’Université de Paris de
1180 à 1187 et était mort en 1217, à Kemsey, près de Worcester.