Full text: Aperçu historique sur les instruments et les méthodes. La topographie dans tout les temps (Tome 1)

48 LES INSTRUMENTS, LES MÉTHODES ET LE DESSIN TOPOGRAPHIQUES. 
de la science de leurs ancêtres, mais déjà bien dégénérés. 
Nous avons vu que les Francs connaissaient la boussole au 
moins depuis la fin du xn° siècle, et il est également certain 
que les peuples germaniques, les Anglo-Saxons, les Balaves, 
qui avaient pris part aux croisades et, plus au nord, les Scan 
dinaves en faisaient usage à la même époque. Il est bien pro 
bable, d’un autre côté, que, toujours et surtout à l’occasion 
et à la suite des croisades, les longs voyages par terre, très 
fréquents aussi, entrepris par les pèlerins, les hommes d’armes, 
les trafiquants, obligèrent les guides dont ils se servaient à 
s’orienter de mieux en mieux à travers des pays souvent, in 
cultes, inhabités, couverts de forêts, dépourvus de roules et 
aussi difficiles à parcourir que la Méditerranée elle-même, 
sans crainte de s’égarer ( 1 ). 
Les premières notions d’Astronomie ou plutôt de Cosmo 
graphie acquises traditionnellement, souvent même instincti 
vement, par les navigateurs, et qu’ils avaient transmises aux 
autres voyageurs, les mettaient les uns et les autres en état de 
déterminer à peu près la latitude du lieu où ils se trouvaient, 
en mer ou à terre. Mais la longitude était beaucoup plus mal 
aisée à obtenir; aussi s’en est-on passé pendant longtemps et 
les navigateurs comme les voyageurs ont-ils dû, pour se retrou 
ver comme pour se guider, se contenter d’évaluer les distances 
itinéraires successivement parcourues dans les directions in 
diquées par les astres ou par la boussole et rapportées sur 
des cartes rudimentaires appelées Portulans par les marins. 
Pour trouver la latitude, on avait recours, comme aujour 
d’hui, à la mesure de la hauteur méridienne du Soleil ou d’une 
étoile bien connue, et c’était l’un des principaux usages de 
l’astrolabe. Quant à l’évaluation des distances itinéraires, elle 
était le plus souvent fondée sur l’observation du temps 
employé à les parcourir, et indirectement en mer sur des ex- 
(*) Les Arabes employaient ainsi depuis longtemps des cartes auxquelles 
on pourrait sans doute comparer celles que l’on connaît pour les pèleri 
nages à travers l’Europe centrale. Barthema dit, en effet, que les voyageurs, 
en Arabie, se servaient de la Carte géographique et de la boussole, et il 
appelle pilote celui qui dirigeait les caravanes. [Ramusio, Viaggi, t. I, 
f. i5o (cité par Libri)].
	        
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