lf>6 LES INSTRUMENTS, LES MÉTHODES ET LE DESSIN TOPOGRAPHIQUES.
Reconnaissance d'une place forte en vue d'un siège. —
Nous rapprocherons ce genre de reconnaissance du précé
dent et nous emprunterons encore au capitaine Javary les
détails qu’il donne dans son Mémoire sur des expériences
laites par lui en 1866 :
« Voici, dit-il, comment il convient d’opérer : on fait un
polygone loin de tout danger; ce polygone peut être l’enve
loppe que l’on construit toujours dans un siège pour appuyer
les levers; et des divers sommets de ce polygone on vise les
points choisis pour servir de stations photographiques. Il suffit
que ces stations soient hors de la portée des armes portatives
pour qu’on puisse prendre le temps d’y mettre en station une
chambre noire qu’on pourra souvent dissimuler, soit derrière
des arbres ou arbustes, soit derrière des décombres, soit der
rière un bout de tranchée. Il n’y aura jamais qu’une épreuve
à faire et l’on fera une courte pose. D’ailleurs, lorsqu’on trou
vera, à des distances de 2000'", Q!5oo m , des points favorables,
on prendra un objectif à foyer plus long et l’on opérera tout à
son aise.
» Ces épreuves prises dans un temps très court permettront
de construire tous les détails de la place.
» Nous avons fait, à Belfort, en 1866, une école de ce
genre avec une brigade d’officiers du régiment (du Génie)
sous la direction du commandant Servel. Nous nous sommes
servi, pour rattacher nos stations, de l’enveloppe tracée par
les officiers de la brigade; notre travail extérieur a duré six
heures; la rédaction a demandé huit heures, après lesquelles
nous avons remisau commandant Servel un lever exact, com
plet, nivelé de toute la partie visible de la fortification intéres
sant les attaques et le terrain en avant jusqu’à i2oo m environ.
Le temps était si mauvais que nous avions des poses de trente
minutes, sous la pluie, ce qui a retardé notre travail (‘).
(’) Nous n’avons rien voulu changer à cette citation qui, en raison de
la date de l’expérience dont il s’agit, présente le plus grand intérêt.
L’expérience faite en 1861 devant le Mont-Valérien par les officiers de la
division du Génie de la garde n’avait pas été moins concluante, mais elle
avait duré davantage, quoique le temps eût été des plus favorables. Nous