CHAPITRE III. — ICON'OMÉTRIE ET MÉTROPIIOTOGRAPIIIE. 185
bien définitivement distancé et dût être même oublié, car il
est à remarquer que Viollet-le-J)uc, nommé colonel du Génie
auxiliaire pendant le siège de Paris, ne s’avisa jamais de se
servir de l’instrument de son confrère.
Et cependant, quelques années plus lard, le célèbre archi
tecte, devenu géologue, dans ses Études sur le mont Blanc,
publiait une série de dessins agrandis exécutés, disait-il, dans
sa Préface, avec le téléiconographe imaginé par son ami Revoil,
sans faire la moindre allusion aux communications que nous
lui avions faites en 1868, à l’École Polytechnique, et sans
paraître se douter d’ailleurs de l’usage qui venait d’être fait du
télémétrographe sur une si grande échelle.
Cet oubli ou celte ignorance du grand artiste, qui se laissait
évidemment influencer par l’esprit de corps, pouvait s’expli
quer à la rigueur, et nous avouons qu’en les constatant dans
une séance de la Société de Géographie où Viollet-Ie-J)uc était
venu exposer ses dessins du mont Blanc, nous n’avions pas
cru devoir lui faire le chagrin d’apporter les vues lavées à l’encre
de Chine de Philippoteaux et les aquarelles de Lambert, de
Mouchot, de Cliazal, etc., qui, en dépit de son grand talent,
eussent fait pâlir ses croquis au simple trait ( * ) ; ni donner les
renseignements assez fâcheux pour lui qui figurent ici avec
toutes les preuves à l’appui.
A la vérité, nous étions alors bien loin de nous douter de ce
qui allait se passer dans le corps même du Génie, auquel nous
appartenions, et notre patience allait être mise à une plus
rude épreuve encore.
Dans le n° 24 du Mémorial de l'Officier du Génie, année
1875, dans ce recueil où nous avions publié, plus de vingt ans
auparavant, nos premières études et le principe même du
télémétrographe (en omettant seulement de baptiser l’instru
ment), paraissait une Note accompagnée de dessins, très bien
exécutés d’ailleurs, par un tout jeune officier que l’on avait
(’) Nous allons offrir au Musée Carnavalet neuf des vues panoramiques
exécutées pendant le siège de Paris et retrouvées après la Commune. La
comparaison de ces véritables tableaux avec les croquis de Viollet-lc-Duc
dans ses Études sur le mont Blanc sera donc facile à faire pour tout le
monde (Juillet 1900).