Spitzberg se présentent sous un jour assez favorable, malgré le carac
tère inhospitalier et l’accès difficile de ce pays. Avec les ressources
beaucoup plus grandes fournies désormais par la science et l’indus
trie, les chances d’une réussite satisfaisante seront sans doute
beaucoup plus avantageuses qu’elles ne l’étaient il y a trente ans.
Une autre question se présente néanmoins, savoir si une telle entreprise
vaut réellement les frais ainsi que les sacrifices inévitables d’efiorts
et de travail.
Sous ce rapport, nous nous permettons de rappeler le vif intérêt
avec lequel les recherches préalables déjà mentionnées furent accueil
lies de leur temps, une telle mesure étant censée fournir une con
tribution importante à la détermination exacte de la forme et des
dimensions de la terre. Non-seulement cette question reste encore
debout, mais d’autres questions très importantes et très intéressantes
s’y sont jointes, savoir celles de la nature des couches superficielles de
la terre et des forces qui y sont en activité, questions à la solution
desquelles une mesure de méridien au Spitzberg avec les recherches
géophysiques y contingentes, doit fournir des matériaux précieux.
C’est chose connue qu’avec l’œuvre grandiose internationale com
mencée depuis une trentaine d’années sur l’initiative du général
Baeyer, en même temps que la technique instrumentale faisait des
progrès importants, les recherches des propriétés géophysiques de la
croûte terrestre aussi bien que d’autres questions y apparentées, ont
gagné une extension considérable. En considérant les opérations géodé-
siques sous un point de vue purement pratique, comme celui de leur
nécessité pour l'atlas des différents pays, on serait tenté de penser,
à la première vue du moins, que les travaux immenses qu’elles ont
exigés, n’ont pas produit des résultats correspondants. Au point de
vue scientifique, au contraire, elles seront parfaitement justifiées, car
toute recherche des forces agissant en dedans ou en dehors de la
croûte terrestre dépend plus ou moins d’une connaissance exacte des
dimensions de la terre et de ses divergences, grandes ou petites, de la
forme ellipsoïde. Mais il est évident que ces recherches gagneront en
importance et en valeur à mesure de leur extension et de leur distri
bution égale sur toute la surface terrestre, bien qu’il faille convenir
que pour la détermination de la grandeur et de la forme générale de
la terre, les deux extrêmes de l’ellipsoïde, l’équateur et les pôles, les
points de courbure maximum et minimum, sont ceux qui exercent la
plus grande influence. Telle est est sans doute l’idée de la révision et
de l’extension de l’arc du Pérou de 1736—43, proposée par M. Paye. ] )
On doit espérer que ce grand projet recevra une solution satisfaisante.
’) Comptes-rendus des séances de la commission permanente de l’association géo-
pésique internationale réunie à Fribourg en 1890. Anexe B III:a.