LOGARITHMES
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145. Tables. — La table du Baron John Neper, celle qui a
joué historiquement le plus grand rôle( 1 ), contient les logarithmes
dont la hase est le nombre remarquable que nous avons appelé e
au n° 122 (on les appelle logarithmes népériens ou naturels) : nous
verrons plus loin pourquoi ces logarithmes présentent un intérêt
théorique spécial ; pratiquement ils offraient au constructeur de
la table des facilités particulières.
Mais, pour les adeptes de la notation décimale, les logarithmes
les plus avantageux sont ceux qui ont pour base 10 (ou un mul
tiple quelconque de io). On constate en effet qu’avec la notation
décimale, les chiffres décimaux qui figurent dans la valeur appro
chée du logarithme de base io d'un nombre décimal quelconque
ne dépendent que des chiffres de ce nombre ; ils sont indépendants
de la situation de la virgule dans le nombre, et aussi des zéros
qui peuvent se trouver soit avant soit après tous les autres
chiffres ( 2 ) ; ces zéros et la situation de la virgule déterminent, en
revanche, la partie entière et le signe du logarithme. Si donc une
table donne le logarithme (arbitrairement approché) d’un nombre
entier tel que 3 4 68, elle donnera du même couples logarithmes
des nombres 3, 468, 34, 68, 34 68o, o,oo3468, etc.
C’est pourquoi, Henry Briggs (i556-i63o ami et collabora
teur de Neper, entreprit de construire une nouvelle table, conte
nant les logarithmes de hase io (logarithmes nilgaires). L’année
même de la mort de Neper, il donna, avec 8 décimales, les loga
rithmes dos r ooo premiers nombres entiers (Logarithmorum
Chiliasprima, Londres, 1617); en 1624, il publia l’Arilhmetica
logarithmica ( 3 ) qui donne, avec i4 décimales, les logarithmes des
nombres de 1 à 20000 et de 90000 à 100000.
Les tables dont se servent les calculateurs contemporains cou
sons ci-dessus (voir la note suivante) n’ont point d’importance théorique
et ne valent pas la peine d’être signalées, non plus qu’une petite erreur
systématique qui entache les tables de Neper.
( J ) Les tables de Neper sont, en réalité des tables trigonométricologa-
rithmiques, vide p. 178, note 3.
( 2 ) En d’autres termes, les chiffres décimaux (chiffres de la partie dé
cimale, vide 45) peuvent être déterminés dès qu’on connaît le produit du
nombre par une puissance entière quelconque de 10, positive ou néga
tive.
( 3 ) Bibl. N., rés. V 158.
Boutroux. — Les Principes de l’Analyse ma (hématique, m