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LES FIGURES
pourquoi les savants modernes ont pu changer les bases de la
géométrie euclidienne tout en continuant a la prendre pour un
modèle. Ce qui importe, du point de vue de la logique, c est
l’enchaînement des propositions. Or à cet égard il n y a rien à
ajouter aux règles posées par Euclide,
230. Les propositions (théorèmes) sont rangées dans l’ordre sui
vant lequel elles se déduisent les unes des autres. Elles portent des
numéros ! *) afin qu’il soit facile d’y renvoyer quand on les invoque
dans la démonstration des propositions ultérieures.
Les propositions d’importance secondaire sont souvent appe
lées ( 2 ) lemmes lorsqu’elles sont destinées à faciliter la démonstra
tion d'un théorème à venir — corollaires lorsqu’elles expriment
des conséquences directes d’un théorème que l’on vient d’établir.
La démonstration des propositions se fait suivant les règles que
nous avons indiquées aux n os 225-27.
231. — Le système de géométrie que nous ont laissé les Alexan
drins a traversé vingt-deux siècles sans être, pour ainsi dire,
ébranlé. Couronnement de l’œuvre minutieuse poursuivie pendant
trois cents ans par les dialecticiens grecs, il n’est pas loin d’atteindre
la perfection. De la nécessité où est l’homme d’exposer l’une après
l’autre les vérités géométriques au lieu de les embrasser toutes du
même coup d’œil, il a tiré le principe d'une méthode de décou
verte et de déduction qui est l’une des plus précieuses possessions
de l’esprit humain.
Cependant, si les « Eléments » ont conservé moyennant quelques
retouches ( 3 ) toute leur valeur logique, ils ne jouent plus dans
l’ensemble de la science mathématique le rôle unique qui parais
(*) L’usage s’est répandu aujourd’hui de désigner les propositions par
les noms de leurs inventeurs (théorème de Pythagore, théorème de
Desargues, etc.). Beaucoup de ces appellations sont cependant discu
tables au point de vue historique et il n’y faut voir qu’un substitut des
numéros d’ordre.
(') C es distinctions ont été systématiquement introduites par les com
mentateurs d’EuCLIDE.
( s ) Sur le système euclidien comparé aux systèmes logiques de géomé
trie, récemment constitués, voir notre Deux, lie., ch. V; on lira avec intérêt
sur ce sujet : Klein, Elementarmath. ç. hôh. Standp. aus, II, tqop,
p. 385 suiv.