284
LE CALCUL ALGÉBRIQUE
domaine des nombres relatifs : on y rencontrera des expressions
qui cesseront occasionnellement d’être nombres ou le redeviendront
sans que rien soit changé pour cela à leur mécanisme. Le mathé
maticien soucieux de rigueur logique ne peut raisonner surde
semblables expressions sans faire à leur sujet des réserves for
melles. Aussi longtemps, du moins, que la théorie des nombres
imaginaires n’est point constituée (voir chap. v, § 4), il lui faut
exercer un contrôle sur les calculs où entrent des racines afin de
reconnaître et de rejeter les formules qui ne représentent pas des
nombres. A celte restriction près, cependant, les expressions irra
tionnelles se prêteront aussi bien que les rationnelles à la combi
naison algébrique.
280. Notations. — TNous n’entreprendrons point de faire ici
l’histoire des notations algébriques ; car il n'y a aucun lien direct
entre le progrès de ces notations et les principes théoriques de
l’algèbre. Parmi les nombreux systèmes de notations qui furent
essayés, l’un peu à peu se dégagea et se fixa insensiblement sous
la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. C’est de ce système
seul qu’à quelques exceptions près nous nous occuperons.
Suivant la notation moderne, une expression algébrique se com
pose de lettres et de nombres arithmétiques, reliés par les signes
—, x (ou •)’ : (ou barre de fraction), et parfois affectés d’expo
sants entiers ou fractionnaires (comme dans a m ). Les lettres sont
prises arbitrairement dans l’alphabet grec ou latin. Cependant,
même pour le choix des lettres, nous pouvons adopter certaines
conventions simples qui nous aideront à nous retrouver dans nos
formules. C est ainsi que, depuis Descaries ('), on a coutume de
représenter par les dernières lettres de l’alphabet x, y, z, u, v, w
les nombres inconnus ou variables et par les premières lettres
a, 6, c, etc., les nombres connus ou déterminés.
(') Sur l’algèbre spécieuse, voir p. a;4, note r et e8r, note i. Pendant
longtemps on n’osa figurer par des lettres que les nombres positifs qui seuls
représentent de véritables grandeurs. Les Cartésiens dluDDE.fie reductione
aequationum, t65-, traite inséré dans l’édition latine de la Géométrie:
Geometria à Renato Descartes, 2 e éd., t. I, Amsterdam, ibâq) furent les
premiers à désigner indifféremment par des symboles littéraux non
affectés de signes (tels que a, b, c, ..., x, ...) des nombres pouvant être à
volonté positifs ou négatifs. (Cf. Deux Lia., ch. iv, § 3'.