CHAPITRE II
CALCUL DES FONCTIONS
/. — Étude des fonctions d’une variable
387. — La théorie des équations n’est qu’une application par
ticulière d’une théorie plus étendue qui a pour objet l’étude géné
rale des fonctions (n° 318). Chercher, en effet, pour différentes
valeurs de a, les valeurs de x qui sont racines de l’équation
f{x) = a, ou bien se proposer d’étudier les valeurs de y [définies
par l’égalité y = f{x)], qui correspondent aux différentes valeurs
de x, ce sont là deux problèmes équivalents. Cependant l’état
d’esprit du mathématicien qui entreprend d’étudier les fonctions
pour elles-mêmes est quelque chose de nouveau en algèbre : il
ne s’agit plus de combiner des formules, mais d’analyser à priori,
afin d’en déterminer la signification et les lois, les divers modes
de correspondance qui peuvent être établis entre des quantités
variant simultanément. Nous reviendrons plus loin (Troisième
Livre) sur cette étude analytique de la notion de fonction, qui
resta fort longtemps vague et imprécise, et ne devint consciente
qu’au xix e siècle. Pour le moment, nous ne nous occuperons que
de la technique des calculs relatifs aux fonctions ainsi que des
quelques propositions d’ordre général qu’il est nécessaire d’établir
pour étayer ces calculs.
C’est à l’occasion des problèmes posés par la géométrie et la
mécanique (*) que l’idée de fonction fit son apparition au xvn e siècle,
(U Les premières fonctions que Newton étudia se présentèrent dans
des problèmes de mécanique : c’étaient des quantités variant en fonction
du temps (lequel, en mécanique, est considéré comme un nombre positif.