Avant-propos
il se moque surtout du personnage qui rapporte
de tels contes; il le connaît et sait qu'on doit
plutôt prendre le contraire de ce qu'il dit : au
point que, s'il venait dire que les Chinois ont deux
yeux^ on serait tenté de croire « que la Chine est
«un pays où il n'y a que des borgnes ou des
« Cyclopes » (ix mars 1640).
Tourtant une fois Descartes affecte d'avoir
peur des « revenants ». Mais là encore il plais ante;
et c'est pour sauver de la peine capitale peut-
être un accusé, dont la sœur est propriétaire de
la maison qu'il habite: s'il le laisse mourir,
ne reviendra-t-il pas reprocher au philosophe
« d'avoir manqué à la charité qu'on doit avoir
«pour ses voisins»? Car il n'est pas coupable,
s'il n'est pas non plus tout à fait innocent. Et
ceci complète une curieuse histoire que nous con
naissions déjà en partie. Descartes avait fort
bien plaidé, dans une lettre à Huygens que celui-
ci crut devoir remettre à la Cour souveraine de
La Haye, la cause d'un paysan du voisinage,
meurtrier du second mari de sa mère, et qui s'était
enfui. Le philosophe demandait sa grâce. Il y
avait tant de circonstances atténuantes ! « L'usage
«des grâces, disait-il, n'est-il pas plus utile
« que celui des lois ? Il vaut mieux qu'un homme
«de bien soit sauvé,que non pas que mille méchants
xi