22. Conclusion.
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grand que celui qu’on leur a attribué dans les dix dernières années.
On n’est arrivé que peu à peu à s’en rendre compte et il faut bien
avouer qu’aujour d’hui encore plusieurs balisticiens n’en semblent pas
encore entièrement convaincus.
Un exemple caractéristique du développement de la balistique
dans cette voie est fourni par l’histoire des diverses théories qui ont
été successivement adoptées pour décrire le mouvement du centre de
gravité des projectiles.
Vers la fin du 17 ième et le commencement du 18 ième siècle,
cette théorie consistait à admettre que le mouvement des projectiles
dans l’air était parabolique comme dans le vide; dans l’Histoire de
l’Académie des sciences 65 ) de Paris pour 1707, on trouve même, après
une énumération des mémoires de différents mathématiciens qui s’oc
cupèrent du mouvement des projectiles, le passage suivant:
«Il ne paraît pas que l’on ait présentement rien à désirer sur la
pratique de cet art (de lancer des bombes). Peut-être seulement
pourrait-on encore perfectionner l’instrument qui sert à pointer la
pièce ou le mortier. Mais la géométrie étant quitte, pour ainsi dire,
envers la pratique, est en droit de pousser plus loin la spéculation et
de donner quelque chose à la simple curiosité quand Vutilité est
satisfaite.»
F. Blondel et JB. F. de Bélidor essayèrent de réfuter les objections
que quelques-uns avaient essayé de faire contre l’hypothèse de la théorie
parabolique du mouvement des projectiles dans l’air.
B. F. de Bélidor prétendit même avoir effectué des expériences qui
détruisaient ces objections.
On s’explique aisément comment cette erreur a pu s’accréditer:
c’est en effet par le calcul et non par l’observation directe que l’on
obtenait la vitesse initiale, du projectile; on la déduisait, à l’aide pré
cisément des formules du mouvement parabolique, de la valeur de la
portée qui avait été observée. On n’obtenait ainsi, en aucune façon, la
véritable vitesse initiale, mais une valeur différente F 0 ; en introduisant
la valeur F 0 , au lieu de la valeur de la vitesse initiale, dans l’équation
de la parabole, on obtenait une courbe qui rencontrait la trajectoire
réelle au point de départ et au point d’arrivée, mais qui entre ces
deux points pouvait s’en écarter sensiblement; ce que l’on continuait
à ne pas prendre en considération.
On s’accorde aujourd’hui à reconnaître que l’exactitude d’une
théorie ne peut être envisagée comme confirmée par l’expérience que
65) Hist. Acad. sc. Paris 1707, p. 123; voir aussi P. de Saint Bobert [Mé
moires scientifiques 1, Turin 1872, p. 148].