F. Notes historiques.
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l’expérience. Sans bases théoriques, sans autre but que de faciliter
le travail journalier des commissions d’artillerie, elle consistait alors
en quelques formules, dues à la commission de Grâvre et à F. Hélie 42 )
dans lesquelles la vitesse du boulet était liée, pour une poudre et une
bouche à feu déterminées, aux seules données dont le praticien pouvait
alors disposer. Ces formules avaient été naturellement choisies parmi
celles qui se prêtent aux calculs les plus simples: elles supposaient
la vitesse proportionnelle à certaines puissances des poids de la poudre
et du projectile.
Rien n’était fait encore pour tenir compte, d’une façon explicite,
de la nature de la poudre ou du calibre de l’arme.
Pour faire des progrès véritables, il manquait à la balistique
intérieure deux choses essentielles: des moyens de mesure plus com
plets, fournissant un contrôle expérimental des prévisions relatives à
tous les éléments importants du tir; une méthode permettant de
rattacher la théorie à des principes généraux incontestables.
Le remplacement du canon pendule par des dispositifs électriques,
dont bien des organes ont subsisté, avait donné, pour les vitesses, des
évaluations commodes et sûres, longtemps avant qu’on possédât un
appareil propre à faire connaître, même grossièrement, les pressions
développées dans l’âme des bouches à feu.
On sait comment le problème put-être résolu en utilisant, de
diverses manières, la déformation des métaux. Toutefois le poinçon
Rodman ou le cylindre crusher de Noble et Abel n’apportèrent d’abord
que des indications presque qualitatives; leur emploi soulevait, en
effet, des objections graves, qui faisaient douter de la signification
des mesures obtenues. Pendant que le premier de ces appareils dis
paraissait, le second, soumis à des recherches de toute nature, d’abord
par E. Sarrau 43 ) et P. Vieille, puis par P. Vieille 44 45 46 47 ) seul, par
G. Charpy^), par P. Galy-Aché et P. Charbonnier^), tout récemment
encore par P. Vieille et P. Liouville^), enfin par P. Charbonnier et
42) Traité de balistique expérimentale; exposé général des principales ex
périences d’artillerie exécutés à Gâvre en 1830/66, (l re éd.) Paris 1865; (2 ' éd.) 1,
Paris 1884; 2, Paris 1884. Cf. IY 21, B.
43) E. Sarrau et P. Vieille, Mémorial des poudres et salpêtres 1 (1882/3),
p. 356.
44) Mémorial des poudres et salpêtres 5 (1892), p. 12.
45) G. Charpy, Mémorial de l’artillerie de la marine 26 (1898), p. 115.
46) P. Galy-Aché et P. Charbonnier, Mémorial de l’artillerie de la marine
28 (1900), p. 391.
47) C. R. Acad. sc. Paris 142 (1906), p. 1057; 143 (1906), p. 1218. Cf. note 18.
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