180 F. Gossot et B. Liouville. IV 22 a, Développements de balistique.
Malaval* 8 ), parvenait, après plus de vingt années d’un labeur in
cessant, à un état de perfection tel qu’il est possible de lui de
mander aujourd’hui, non pas seulement une évaluation certaine des
pressions, mais même la loi de leur développement jusqu’à l’instant
du maximum.
La théorie n’était pas restée en retard, pendant que les résultats
expérimentaux s’accumulaient. Dès 1864, H. Essai 48 49 ) avait montré la
voie, en rattachant la balistique intérieure à la thermodynamique, qui
en est la véritable base. Mais, à cette époque, le mode de combustion
de la poudre n’avait pas été étudié; les poudres usitées, peu nom
breuses, différaient à peine les unes des autres. H. Essai* 9 ) avait ainsi
été conduit à penser qu’une hypothèse très simple, celle de la combustion
instantanée de la poudre, serait suffisante pour donner au moins une
évaluation sommaire de l’influence du calibre et de la longueur de
l’arme sur les vitesses réalisées. La mesure des pressions, si elle
avait pu être faite, aurait aussitôt montré l’inexactitude grave de
l’hypothèse faite; mais il faut, pour apprécier toute l’importance du
travail de H. Essai, se rappeler qu’il s’agissait surtout pour lui
d’ébaucher la solution d’un problème, dont beaucoup d’éléments lui
manquaient et d’obtenir une représentation même grossière des vitesses:
à ce point de vue, le but visé avait été complètement atteint.
Avec E. Sarrau 50 ), la balistique intérieure tient compte, pour la
première fois, des caractères propres à chaque sorte de poudre. 11
ne peut plus être question de regarder la combustion comme instan
tanée; de nouvelles poudres d’ailleurs viennent d’apparaître, très dis
tinctes des anciennes et de vivacités graduées; ce sont les poudres
noires dites à gros grains. Aussi, dès son premier mémoire sur ce
sujet, E. Sarrau 50 ) modifie l’équation différentielle de H. Essai, afin
d’y introduire la durée de combustion de la charge; mais il ne s’en
tient pas à cette correction; toutes celles qui semblent dignes d’in
térêt sont retenues et discutées, autant que les connaissances acquises
le permettent. La théorie, en effet, ne se propose plus une représen
tation sommaire des faits; elle entend bien être assez fidèle pour
apporter aux praticiens un secours effectif. Mais les difficultés qui
s’opposent à cette tentative constituent un obstacle presque infran
chissable.
48) Mémorial de l’artillerie de la marine (3) 1 (1907), p. 203.
49) Recherches sur le mouvement des projectiles [C. R. Acad. sc. Paris 58
(1864), p. 500].
50) Mémorial de l’artillerie de la marine 1 (1873), p. 743.