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XXV bis. - FÉVRIER 1638. 133
entendues ou qu’elles ont paru trop aisées à M. Descartes, qui a fait
tant de chemin et a pris une voie si pénible pour ces tangentes dans sa
Géométrie.
2. Quoi qu’il en soit, je ne me pique pas d’être cru que par ceux qui
le voudront, et vous proteste que j’aimerois mieux prononcer :
Jamjam efficaci do manus scienliæ (*),
que de souffrir que rien de ce que je vous ai envoyé soit imprimé sous
mon nom, ce que je vous prie d’empêcher par le pouvoir que vous
avez sur tous ces Messieurs qui se mêlent de cette étude. Je ne vous
envolerai donc plus rien pour M. Descartes, puisqu’il met des loix si
sévères à un commerce innocent, et me contente de vous dire que
je n’ai trouvé encore personne ici qui ne soit de mon avis, que sa
Dioptrique n’est pas prouvée. Je voudrois seulement savoir si dans
Paris on croit qu’il ait démontré exactement les fondements et les
principes de la réfraction, et particulièrement qu’il vous plût me faire
part des sentiments de M. Mydorge sur ce sujet, et de M. Desargues.
3. Voilà pour ce sujet. Pour les manuscrits de Viète ( 2 ) y il n’y a que
fort peu de chose que nous n’eûssions pas dans les imprimés : ce sont
seulement des exemples plus étendus et quelques propositions de
nombres multangulaires, qui se trouvent en d’autres livres, de sorte
(jue l’impression de ses œuvres n’en profiteroit guères. Outre que je
les ai reçus de M. Despagnet, à la charge de ne les bailler à personne
que par son aveu.
4. Puisque M. de Roberval a soutenu ma méthode, je lui veux faire
encore part d’un de ses plus beaux usages touchant Vinvention des centres
de gravité, puisque M. de Beaugrand ne les lui a pas baillés, comme je
l’en avois prié. Et ne serai pas marri qu’on propose à M. Descartes l’in-
(!) Vers d’Horace, Rpocles, XVII, i.
( 2 ) On voit que Mersenne s’occupait déjà de l’édition des Œuvres de Viète, imprimée
à Leyde par les Elzevirs en x64G et à laquelle il apporta un concours efficace.