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ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
liberté que j’ai prise d’effacer sur la fin quelques paroles qui mar-
quoient que ses objections contre la Dioptrique de M. Descartes étoient
plus fortes et moins sujettes à réplique que les miennes. Ce n’est pas
que j’en doute, puisque j’ai conçu une très grande opinion de son
esprit; mais je désire, si vous l’agréez, d’être un peu mis à l’écart, et
de voir toutes ces belles disputes plutôt comme témoin que comme
partie.
2. Vous ajouterez une très grande obligation à toutes celles que je
vous ai déjà, si vous me procurez la vue de ce Discours que l’auteur
de cette belle Lettre promet touchant la réfraction. Et si j’osois espérer
la communication des expériences qu’il a faites, peut-être y mélerois-
je de la géométrie, si je les trouvois conformes à mon sentiment. J’at
tendrai cette satisfaction avec impatience, et vous renvoierai par le
premier courrier son écrit, que je retiens pour en tirer copie.
3. J’attends aussi par votre faveur les réponses(*) que M. Descartes
a faites aux difficultés que je vous ai proposées sur sa Dioptrique, et ses
remarques ( 2 ) sur mon Traité de maximis et tninirnis et de tangentduis.
S’il y a quelque petite aigreur, comme il est malaisé qu’il n’y en ait,
vu la contrariété qui est entre nos sentiments, cela ne vous doit point
détourner de me les faire voir; car je vous proteste que cela ne fera
aucun effet en mon esprit, qui est si éloigné de vanité, que M. Des
cartes ne sauroit m’estimer si peu que je ne m’estime encore moins.
Ce n’est pas que la complaisance me puisse obliger de me dédire d’une
vérité que j’aurai connue, mais je vous fais par là connoître mon hu
meur. Obligez-moi, s’il vous plaît, de ne différer plus à m’envoyer ses
écrits, auxquels par avance je vous promets de ne faire point de ré
plique.
4. J’ai fort vu ces jours passés M. Despagnet, avec qui je vis de
( 1 ) Lettres de Descartes, éd. Clerselier : Descartes à Mydorge, III, 4^ ; fin de la lettre III,
5y (p. 312) à Mydorge.
( 2 ) Voir ci-avant Lettre XXV. Mersenne aurait pu communiquer aussi dès lors à Fer
mât les autres lettres écrites à ce sujet par Descartes ( Lettres de Descartes, éd. Clerso-
lier : à Mersenne, III, 4i; à Mydorge, III, 4^; à Mydorge, III, 5y).