XXXVIII bis. — 1 er AVRIL 16Í0.
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3. Pour Monsieur de Frenicle, ses inventions en Arithmétique me
ravissent et je vous déclare ingénûment que j’admire ce génie qui,
sans aide d’Algèbre, pousse si avant dans la connoissance des nombres
entiers, et ce que j’y trouve de plus excellent consiste en la vitesse
de ses opérations, de quoi font foi les nombres aliquotaires qu’il
manie avec tant d’aisance. S’il vouloit m’obliger de me mettre dans
quelqu’une de ses routes, je lui en aurois très grande obligation et ne
ferois jamais difficulté de l’avouer, car les voies ordinaires me lassent
et, lorsque j’entreprends quelqu’une de ces questions, il me semble
que je vois devant moi
Magnum maris æquor arandum ( J ).
à cause de ces fréquentes divisions qu’il faut faire pour trouver les
nombres premiers. Ce n’est pas que mon analyse soit défectueuse,
mais elle est lente et longue pour ce regard et j’ose dire sans vanité
que, si je pouvois l’accompagner de cette facilité, je trouverois de fort
belles choses. Je voudrois avoir mérité par mes services la faveur que
je lui demande et ne désespère pas même de la payer par quelques
inventions qui peut-être seront nouvelles à Monsieur Frenicle.
(B, f 3 r°) (»).
4. Pour la méthode que j’oppose à la syncrise ( 3 ), ce n’est seule
ment que pour éviter les divisions qui sont souvent très fâcheuses en
cette sorte de questions.
Soit, par exemple :
bda — ba 2 —a? æq. £ soL .
Cette équation peut avoir trois solutions, desquelles soit par exemple
n l’une qui soit donnée. Il faut trouver les autres deux.
(1) Virgile, Enéide, II, 780 : Longa tibi exsilia et vastum maris æquor arandum.
(2) Lo fragment qui suit est inédit; il est reproduit d’après l’extrait de la Lettre du
i er avril 1640, que contient le manuscrit Vicq-d’Azyr-Boncompagni. 11 est très improbable
que les notations algébriques, dans lesquelles dominent les habitudes cartésiennes, soient
réellement celles de Fermât.
( 3 ) Voir Tome I, page 147, note 3. — Comparer Lettre XXXVII, 4.