LXYI. — MARDI 18 AOUT 1648.
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d’impatience ces ordres seueres de logements effectifs qu’il se faisoit
de touts costés des conspirations et des attroupements contre les bri
gades, et des rebellions si notables qu’elles eussent sans doute tramé
de plus grands souslevements si le parlement n’eust suspendu par son
arrest ces ordres violents qui sont contre les ordonnances et contre
l’humanité mesme, s’il faut ainsi parler. Depuis ce temps là on n’a
point cessé de donner des arrests pour procurer en toute diligence le
payement des tailles, on a mesme taché d’empescher diuers abbus pra
tiqués par les commis qu’on a descouuert qui faisoient faire des quit
tances antidatées pour s’approprier par ceste voye les deniers royaus
et les diuertir a leur profit; le parlement en a faict informer, a donné
arrest et comission là dessus, bref il n’a rien omis pour ce regard. J’ai
esté le premier qui ai eu quelque cognoissance des voycs obliques et
qui ai suggéré à quelques uns de la Grande Chambre l’arrest qui est
donné sur ce subject.
Je ne laisse pas de vous aduouer que ces remedes sont lents et que
le payement des tailles l’est encore d’advantage, depuis que ceste
grande rudesse de l’exaction a cessé, la raison est claire, la pauureté
est si generalle et si grande, et les charges si hautes que des que ceste
constrainte armée a cessé, rien ne paroist d’assés fort pour faire payer
les contribuables, les saisies qui estoient l’extrcme dans les voves
réglées commencent de n’effrayer plus et sont plustost des menaces
que des coups.
11 faut pourtant haster les leuees et donner promptement au roi un
secours si iuste et si necessaire. Il me semble que l’expedient le plus
plausible et le plus aisé seroit d’auoir une déclaration du roi qui por-
tast permission a toutes les communautés d’emprunter les sommes
necessaires a concurrence des tailles courantes et qui deelarast les
sommes empruntées audict effect priuilegiees a toutes debtes desd.
communautés comme destinées au payement des charges courantes.
11 est très probable que tout l’argent do la prouince aboutiroit là,
pourcc que la fréquence des banqueroutes est cause que ceux qui
ont de l’argent ayment mieux le garder que le bazarder. Ceste dccla-
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Fermât. — II.