LXXVI.
1656.
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ANNÉE 1656.
LXXVI.
FERMAT A G ARC AVI (').
1636.
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( Bibl. Nat. Ir. 2og45, XVII, p. 78-84.)
< Monsieur >,
I. J’ai reçu un très grand contentement de vos lettres du 19 du mois passé,
lesquelles m’ont été rendues il y a deux jours, et je me tiens fort obligé à la
civilité de M. Pascal, duquel, si l’estime que j’en ai pouvoil être plus grande,
elle seroit augmentée par tant de démonstrations que j’en ai reçues. Je vous
prie donc (vous qui m’avez fait l’honneur de me faire connoître une personne
si savante) de lui témoigner le respect et l’estime que j’ai pour lui, et (pie, si
je ne puis pas correspondre avec les effets à tant de grâces qu’il lui a plu de
me faire, je ne manquerai pas au moins d’y satisfaire avec ma bonne volonté
que j’ai voulu vous faire connoîlre présentement par la réponse que je vous
envoie de ce qu’on m’a proposé. Le temps est court; mais, n’espérant pas de
pouvoir la semaine prochaine avoir la commodité de m’appliquer à de sem
blables spéculations, je suis contraint de vous en dire mon sentiment sur le
champ.
2. Il est bien vrai qu’il me déplaît que d’abord je ne suis pas du sentiment
de M. Pascal touchant VAnalyse speciose, de laquelle je fais plus grand cas
(■) Cette lettre a été publiée pour la première fois par M. Charles Henry (Recherches,
p. 197-200)-d’après une copie sans date, sans adresse et sans signature. La date de i656
a été attribuée à cette lettre à cause des allusions aux jansénistes et molinistes, et au
séjour de Huygcns à Paris que le savant hollandais quitta le 3o novembre 1655 ( OElivres
complètes, I, p. 867). Le texte n’est qu’une traduction passablement incorrecte de l’ori
ginal qui était rédigé en latin, comme on peut le conclure d’après les nombreux mots de
cette langue que le traducteur, parfois embarrassé, a transcrits dans l’interligne.