Je suis sur le point d’entrer en carrosse pour aller à Rouen, dont je
ne crois pas revenir de quinze jours ou trois semaines. C’est pourquoi,
des que j’eus reçu votre paquet du 27 du passé ( ( ), j’allai chez M. Cler-
selier et, n’ayant pas moyen de lui faire faire des copies de vos écrits
avant mon départ, je crus que vous trouveriez bon que je les lui con-
tiasse sur la parole qu’il me donna, de vous les rendre fidèlement dès
qu’il auroittiré copie de ce qu’il lui faut. C’est un fort honnête homme
et fort votre serviteur; il m’a dit qu’il se donnerait l’honneur de vous
écrire par cet ordinaire.
Au reste, Monsieur, quand bien je demeurerois ici, je ne serois pas
assez vain pour accepter la charge que vous voudriez m’imposer : elle
est trop pesante pour ma foihlesse. Je sais trop bien ( 2 )
quid ferre récusent,
Quid valeant humeri
pour pouvoir être arbitre entre deux grands personnages; il faut aller
(>) Lettre perdue, à laquelle étaient jointes des copies demandées par Clerselier pour la
publication des Lettres de Descartes. Voir Lettre XC ci-après.
( 2 ) Houace, Art poétique, 3g-4o.