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ŒUVRES DE FERMAT.
CORRESPONDANCE.
serois ravi que le différend que j’ai eu autrefois sur ce sujet avec
M. Descartes se terminât à son avantage. J’y trouverois mon compte en
toutes façons : la gloire d’un ami que j’ai infiniment estimé et qui a
passé avec raison pour un des grands hommes de son temps; l’établis
sement d’une vérité physique des plus importantes; et l’exécution
aisée des effets merveilleux qui s’en pourvoient infailliblement dé
duire. Tout cela me vaudroit incomparablement mieux qu’un gain de
cause, quand même je devrois compter pour rien le
Mecum certasse feretur ( J )>
dont les amis de M. Descartes peuvent toujours raisonnablement con
soler ses adversaires. Je me mets donc, Monsieur, en la posture d’un
homme qui veut être vaincu; je le déclare hautement :
Jamjam efficaci do manus scienliæ ( 2 ).
Mais, parce que les démonstrations sont des raisons forcées et, qu’à
moins d’être convaincu par elles, on n’en sauroit être persuadé,
vovons, Monsieur, si le consentement des lecteurs peut échapper à
notre auteur, et si nous pourrons nous défaire aisément des objections
qui semblent lui pouvoir être opposées. Il faut pour cela suivre sa dé
monstration mot pour mot, et il suffira d’enfermer par des parenthèses
ce qui ne sera point à lui et que j’ajouterai du mien.
2. Voici donc comme il parle sur la fin de la page iG de sa Diop-
trique françoise ( 3 ) :
« Et premièrement, supposons qu’une balle, poussée d’A vers R
» (fig. 5G), rencontre au point B, non plus la superficie de la terre,
» mais une toile CBE qui soit si foible et si déliée que cette balle ait la
t 1 ) Ovide, Metam., XIII, 20.
( 2 ) Horace, Epodex, XVII, 1.
( 3 ) Discours do la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les
Sciences : plus la Dioptrique, les Météores et la Géométrie, qui sont des essais de cette
Méthode. A Leyde, do l’imprimerie do lan Maire, CIO TJ G XXXVII : avec privilège, p. iG
( 2 e pagination de l’Ouvrage).
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