XC bis.
10 MARS 1638.
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pas, il proteste qu’il n’est point engagé à consentir qu’en changeant de
milieu elle fasse toujours un égal progrès, puisque l’auteur a si sou
vent et si solennellement assuré que la détermination et la force mou
vante sont tout à fait différentes et distinctes; et pour se confirmer en
son doute, il ajoute que si, dans la figure de la page 17, la balle étoit
poussée depuis H jusques à B, et qu’elle continuât son mouvement vers
BG, le raisonnement de celui qui diroit :
« La détermination de la balle sur la route HBG n’est point changée
au point B, car elle est la même, et le mouvement perpendiculaire se
continue dans la même ligne HBG; donc cette balle avance autant et
aussi vite au dessous de B qu’elle faisoit auparavant. »
ce raisonnement, dis-je, seroit ridicule, parce que la détermination ou
direction du mouvement difiere de sa vitesse.
Pourquoi donc notre sceptique sera-t-il obligé d’accorder gratuite
ment et sans preuve que le mouvement qui se fait vers la droite dans
la figure de la page 18 avance également vers le dit côté droit, après
qu’il a changé de milieu? Ce n’est pas que cette proposition ne puisse
être vraie, mais elle ne l’est qu’au cas que la conclusion que M. Des
cartes en tire soit véritable, c’est-à-dire que la raison ou proportion
pour mesurer les réfractions ait été par lui légitimement et véritable
ment assignée. Il ne l’a donc pas prouvée par une proposition si dou
teuse et si peu admissible.
En un mot, quand toutes les oppositions qu’on peut faire à son rai
sonnement seroient fautives, peut-il faire passer pour véritable ce qui
n’est ni axiome, ni déduit par une conséquence légitime d’aucune pre
mière vérité? Les démonstrations qui ne forcent pas de croire ne peu
vent point porter ce nom.)
Et croiriez-vous, Monsieur, que si la proposition de M. Descartes
étoit démonstrativement prouvée, son évidence et sa clarté n’eussent
pas percé les ténèbres de mon entendement, pendant vingt années qui
se sont écoulées depuis notre ancien démêlé, puisque je vous ai pro
testé, dès le commencement de ma lettre, que je travaille sincèrement