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ŒUVRES DE FERMAT. — CORRESPONDANCE.
raison est d’abord connue etiam lippis et tonsoribus ( 4 ). De sorte que
d’en inférer de là qu’il faut faire peu de compte de toutes sortes de
propositions négatives, voyez, Monsieur, quelle logique! Mais je ne
veux point d’autre preuve que celles que je vous ai proposées sont du
haut étage et dignes d’être recherchées, c’est que ni lui, qui s’estime
tant, ne les a pas encore démontrées, ni Monsieur Frcnicle même, que
je mets au-dessus de lui, sans lui faire tort; et ce dernier, qui commît
merveilleusement les mystères les plus cachés des nombres, ne les a
pas méprisées.
4. Mais, parce que les nombres entiers ne plaisent pas à Mon
sieur Wallisius, en voici une autre, à laquelle il pourra s’occuper et
en laquelle je n’exclus point les fractions ( 2 ) :
11 n’y a aucun triangle rectangle en nombres dont l’aire soit qnarrée.
5. Et, pour lui faire voir que le défaut de connoissance de cette
sorte de questions lui fera quelquefois concevoir plus grande opi
nion de ses forces qu’il n’en doit raisonnablement avoir, il dit qu’il
ne doute point que le Mylord Brouncker ne résolve les deux ques
tions ( 3 ) :
Dation numerum cubum in duos euhos rationales dividere,
et
Dation numerum ex duobus cubis compositum in duos alios cubos ratio
nales dividere;
je lui réponds qu’il pourra, par aventure, ne se mécompter pas
en la seconde, quoiqu’elle soit assez difficile, mais que, pour la
première, c’est une de mes propositions négatives que ni lui ni le
Seigneur Brouncker ne démontreront peut-être pas si aisément. Car je
soutiens qu’f/ n y a aucun cube en nombres qui puisse être divise en deux
cubes rationaux.
(') Horace, Sat. I, vi, 3.
( 2 ) Problème impossible. — Observation XLY sur Diophante.
( 3 ) Foir Lettre LXXXIV, 4 et 8. — Observations II et IX sur Diophante.