XCV. - 2 JUIN 1638.
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XCV.
FERMAT A CLERSELIER (').
DIMANCHE 2 JUIN 1658.
(D., III, 47; Bib. nat. fr. 8280, n. acq., f 08 57-61.)
Monsieur,
1. Je suis si passionné pour la gloire de M. Descartes que vous ne
pouvez m’obliger plus sensiblement qu’en combattant les opinions du
sceptique qui s’oppose à ses sentiments. Mais prenez garde, Monsieur,
qu’il importe de conduire votre travail jusquesau bout, et de renverser
entièrement sur leurs auteurs tout ce que vous appelez ou paralo
gismes ou sophismes. Il ne suffit pas de dire que le sens de M. Des-
cartes a été mal pris par ceux qui le reprennent; il faut prouver que
l’explication que vous lui donnez va tout droit et sans détour à sa
conclusion, et qu’enfin sa preuve est démonstrative.
2. Nous avions cru que la balle qui conserve sa direction et sa route
ne perd point sa détermination, et nous l’avions avec quelque raison
inféré de la différence que M. Descartes établit entre le mouvement et
la détermination. Mais, sans nous empresser davantage à prouver la
conséquence que nous tirions de son raisonnement, nous nous tenons
pour suffisamment avertis de sa pensée et de la vôtre, qui veut « que la
détermination d’un mobile soit réputée changer, non seulement quand
il quitte la ligne dans laquelle il se mouvoit auparavant, ou quand il se
meut à contre-sens dans la même ligne, mais encore en se mouvant du
même sens dans la môme ligne droite, pourvu que ce soit moins loin
qu’il n’étoit déterminé d’aller en ce sens-là.
Et c’est en cette troisième façon », dites-vous ( 2 ), « que la quantité
de la détermination de la balle est devenue moindre autant que le
(!) Réponse aux Lettres XCIII et XCIV.
( 2 ) Lettre XCIY, 3.