XCV. - 2 JUIN 1658.
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portion des réfractions ne puisse être vraie; mais j’ai du moins à vous
dire queje ne la tiens du tout point prouvée, et qu’en tout cas vous
avez trop de complaisance en faisant semblant d’approuver ma pensée
sur ce même sujet (*), puisque, si ce que j’ai écrit là dessus à M. de la
Chambre est véritable, ce que M. Descartes croit avoir démontré est
nécessairement faux, ces deux opinions étant tout à fait contradic
toires et incompatibles.
Mais supposons, si faire se peut, que la proposition de M. Descartes
soit véritable. Il faut du moins pourvoir à ce que rien ne se démente
dans les suites, et c’est aux amis du défunt à prévoir tous les cas qui
pourroient faire peine à la vérité supposée de cette proposition. En
voici un, par exemple, qu’il vous faudra tâcher de résoudre.
Supposez, dans la page 17, que la balle rencontre, au lieu de la
toile ou de l’eau, un corps dur et impénétrable, et que, lorsque la
balle arrive au point B, elle ne laisse pas de perdre la moitié de sa
vitesse. Car cette supposition est possible et, quoique le corps CBE ne
contribue rien à la diminution de ladite vitesse (comme il fait en
l’exemple de M. Descartes, lorsque c’est de la toile ou de l’eau), néan
moins nous pouvons imaginer et supposer que, lorsque la balle arrive
au point B, elle perd justement la moitié de sa vitesse, sans nous
mettre en peine d’où provient cette diminution, puisque le même
M. Descartes, en la page 20, suppose ou imagine au point B une
(• ) Lettre XC1V, 16.