ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
U *2
Vous répliquerez : Mais, à ce compte-là, la détermination de haut
en bas ne changeroit pas non plus par la rencontre de la toile. Je
l’avoue, et pour ôter et éclaircir pleinement cette difficulté, il ne faut
que dire que vous ne tirerez jamais autre chose du raisonnement des
mouvements et des déterminations composées de M. Descartes, sinon
que la réflexion se fait toujours à angles égaux et que la pénétration
du second milieu se doit toujours faire en ligne droite. A quoi même
se rapporte ce que vous dites dans votre dernier écrit (*), que la balle a
toujours une même aisance à pénétrer le second milieu en toutes sortes
d’inclinations; d’où il doit suivre, dans l’application du raisonnement
de M. Descartes, qu’en toute sorte de cas la réflexion se fera à angles
égaux, et que la pénétration se fera de même en tous les cas en ligne
droite, le mouvement du dessous en ligne droite suivant les mêmes
lois et répondant justement au mouvement du dessus à angles égaux.
Mais il n’y aura donc point de réfraction? me direz-vous. Je réplique
que le mouvement de la balle et la réfraction ne se ressemblent que
par la comparaison imaginaire de M. Descartes, et qu’au pis aller, si
le détour de la balle en passant par le second milieu est véritable, il
en faut chercher la raison ailleurs que dans la composition des mouve
ments, qui ne produira jamais en ce rencontre qu’un cercle dialec
tique.
De quelque biais que vous le preniez, il faudra examiner les prin
cipes secrets dont se sert la nature en produisant la réfraction, et si
celui que j’ai touché dans ma lettre à M. de la Chambre ( 2 ) ne vous
plait pas, je souhaite qu’il vous en vienne de meilleurs dans l’esprit,
et que cette vieille dispute aboutisse enfin à la pleine et entière dé
couverte de la vérité.
Je suis de tout mon cœur, Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Fermât.
(‘) Pièce XC1V, 15.
( 2 ) Lettre LXXXYI.