ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
V28
que, d’autant que le milieu que parcourt une balle lui ôte pour l’ordi
naire à tous moments une partie de sa vitesse par le transport qu’elle
lui en fait, de là arrive qu’une balle peut avoir perdu au point de la
réflexion la moitié (ou plus ou moins) de la vitesse qu’elle avoit au
commencement, et qu’elle ne laissera pas de réfléchir à angles égaux,
à cause qu’au moment qu’elle vient à toucher le plan, sa vitesse a déjà
été diminuée par le milieu qu’elle a parcouru, et que la direction
qu’elle a alors ne laisse pas de la déterminer d’aller suivant la même
ligne où sa première direction la portoit quand elle est sortie de la
main ou de dessus la raquette, pourvu que sa pesanteur ou sa grosseur
ou sa figure n’aient rien changé en cela.
16. Ce que je dis de la vitesse, quand le milieu la diminue, se doit
aussi entendre quand elle est augmentée à tous moments par sa pesan
teur : comme, lorsqu’une balle tombe le long d’un plan incliné, elle
rejaillira aussi alors à angles égaux, encore que sa vitesse se trouve
augmentée au point de la réflexion : et cela par la même raison, à
savoir que cette augmentation ne lui vient pas du plan, mais qu’elle
l’avoit avant que de le rencontrer.
Et ainsi vous voyez combien les principes deM. Descartes sont fermes
et ses raisonnements bien suivis; ce qui montre que la véritable raison
des réfractions se doit tirer du mouvement et des déterminations com
posées, en les examinant comme M. Descartes a fait. Et sans mentir,
M. Descartes étoit un homme de trop bon sens et qui prenoit garde
de trop près aux choses, pour tomber dans des fautes ou visibles ou
grossières; et il me semble qu’il nous a donné sujet d’avoir assez bonne
opinion de lui pour croire plutôt que nous nous méprenons en ne
comprenant pas son sens et ses raisons que non pas de croire qu’il se
soit trompé, au moins quand l’erreur où nous croyons qu’il soit tombé
est apparente et grossière.
11. J’ajouterai seulement que, puisque les diverses expériences qu’a
faites ici M. Petit (que vous connoissez) en toutes sortes de corps