ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
sentimens que je ne vaux pas. Mais, comme je passerai par Orléans
en allant à Saumur par la rivière, si ma santé ne me permet pas de
passer outre, j’irai de là à Paris.
Voilà, Monsieur, tout l’état de ma vie présente, dont je suis obligé
de vous rendre compte pour vous assurer de l’impossibilité où je suis
de recevoir l’honneur que vous daignez m’offrir et que je souhaite de
tout mon cœur de pouvoir un jour reconnoître, ou en vous, ou en
Messieurs vos enfants, auxquels je suis tout dévoué, ayant une véné
ration particulière pour ceux qui portent le nom du premier homme
du monde.
Je suis, etc. Pascal.
De Bienassis, le 10 août 1660.
CIX.
FERMAT A HUYGENS (').
DÉCEMBRE 1660.
( Correspondance de Huygens, n° 824-)
Monsieur,
J’ai appris avec joie, mais non sans quelque espèce de jalousie, que
mes amis de Paris ont l’honneur de vous posséder depuis quelque
temps. Je vous assure, Monsieur, que, si ma santé étoit assez forte
pour les voyages, j’irois avec grand plaisir prendre ma part de leur
bonheur. Ce n’est pas d’aujourd’hui, ni par la relation seule de M. de
Carcavi, que je suis persuadé de vos qualités tout extraordinaires. J’é-
tois à vous avant que vous fussiez en France et, lorsqu’on m’a demandé
mon sentiment de votre Saturne, j’ai répondu hardiment et sans même
(') Publiée pour la première fois par M. Charles Henry (Recherches, p. 77-78). — Car
cavi remit cette lettre à Huygens, alors à Paris, le 27 décembre 1G60. L’autographe est
conservé à la Bibliothèque de l’üniversité de Leyde, manuscrit Huygens, 3o.