CXIII.
6 MAI 1662.
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déterminée en tout ce qu’elle fait, elle ne tend jamais qu’à conduire
ses mouvemens en ligne droite.
Et ainsi, si vous voulez que d’abord elle tende d’M vers H, elle ne
peut s’aviser de dresser un rayon vers N, pourcc que ce rayon de soi
n’y tend nullement; mais elle dressera son rayon vers R et, ce rayon
étant là une fois parvenu, qui est le plus droit, le plus court et le plus
bref de tous ceux qui peuvent tendre à ce point, pour aller mainte
nant d’R en H, le plus droit encore, le plus court et le plus bref est
d’aller tout droit vers H. Et ainsi, si la nature agissoit par votre prin
cipe même, elle devroit aller directement d’M vers H; car d’un côté
elle est nécessitée à diriger d’abord son rayon vers R, et de là votre
principe même la porte vers H.
7. Et, bien que vous ayez très clairement démontré, suivant votre
supposition, que Je temps des deux rayons MN, NH, pris ensemble, est
plus bref que celui de deux autres, quels qu’ils soient, pris aussi en
semble, ce n’est pourtant pas la raison de la brièveté du temps qui
porte ces deux rayons par ces deux lignes.
Car seroit-i 1 bien possible qu’un rayon qui est déjà dans l’air, qui a
déjà sa direction toute droite et qui ne tend nullement ailleurs, sitôt
qu’on lui oppose de l’eau ou du verre, s’avisât de se détourner ainsi
qu’il fait, pour le seul dessein d’aller justement chercher un point où
son mouvement composé soit le plus bref de tous ceux qui y peuvent
aller du lieu de son départ? Cette raison seroit bien métaphysique
pour un sujet purement matériel.
Ne doit-on pas plutôt croire, ainsi que j’ai déjà dit, que comme c’est
la force du mouvement et sa détermination qui ont conduit ce rayon
dans la première ligne qu’il a décrite, sans que le temps y ait rien con
tribué, c’est le changement qui arrive dans cette force et dans cette
détermination qui lui fait prendre la route de l’autre qu’il a à décrire,
sans que le temps y contribue, puisque le temps ne produit rien?
8. Enfin la différence que je trouve entre M. Descartes et vous est